L’épidémie qui a débuté en Chine progresse moins vite mais entache désormais largement l’image de la croisière. Certaines compagnies en ressentent déjà les effets négatifs sur les réservations. Décryptage.
En dehors de la Chine, le paquebot de croisière Diamond Princess, placé en quarantaine début février dans la baie de Yokohama près de Tokyo, est aujourd’hui le principal foyer de contamination du coronavirus. Ses plus de 3 700 passagers avaient reçu l’ordre de rester dans leur cabine pendant deux semaines. Mais au moins 500 passagers ont tout de même été contaminés. Même si le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé lundi qu’il n’était pas nécessaire de suspendre l’ensemble des croisières dans le monde, voilà une mauvaise publicité dont se seraient bien passées les compagnies de croisières.
« Depuis une grosse semaine, on assiste à une méfiance vis-à-vis de notre produit, et à un ralentissement des ventes », indique Patrick J. Pourbaix, directeur général France & Benelux de MSC Croisières. Interrogée, Costa Croisières préfère ne pas commenter la situation et nous renvoie vers les directives prises par la Clia.
Du côté de l'association justement, on tente de rassurer en rappelant les mesures entrées en vigueur fin janvier, complétées le 7 février dernier : « Les compagnies membres de Clia refuseront l’embarquement à toute personne ayant voyagé, visité ou transité par des aéroports de Chine, à Hong Kong et à Macao dans les 14 jours précédant l’embarquement, (…) [et à] des personnes ayant été en contact, dans les deux semaines précédant le voyage, avec toute personne suspecte ou diagnostiquée positif au virus ou qui fait l’objet d’une surveillance sanitaire. » Des contrôles de température sont également effectués avant de monter à bord.
Crainte d'un effet négatif sur les ventes 2021
« Nous allons encore plus loin de notre côté », affirme Patrick J. Pourbaix. « Nous ne laissons pas monter des personnes ayant effectué un séjour en Chine dans les 30 jours écoulés. » Une porte-parole de Ponant met aussi en avant les mesures prises par la compagnie de luxe : « Ponant n'a pas d'escale en Chine programmée dans les six prochains mois. Les passagers qui ont voyagé, visité ou transité par la Chine (incluant Hong Kong et Macao) et Taïwan font l'objet d'une attention spécifique selon le protocole établi. »
Si les compagnies interrogées se refusent d'évoquer une quelconque vague d'annulation de voyages, elles admettent à demi-mot que les performances économiques de l’été sont d’ores et déjà affectées : « La tendance des ventes pour cet été est bonne mais on est en-deçà des résultats que l’on devrait avoir », explique le patron de MSC Croisières en France.
Et l’effet pourrait se faire ressentir à moyen-terme : « Les réservations pour 2021 ne sont pas ouvertes mais on s’attend à un décalage des ventes vers le second semestre », prédit Lionel Rabiet, directeur général de Croisières d’exception, précisant par ailleurs que « Nos croisières sur le Mékong et en Birmanie ne sont pas du tout impactées. » Pas certain que cela suffise à convaincre les futurs croisiéristes.