Le n°1 européen de la croisière fluviale franchit une nouvelle étape en rachetant le Silver Discoverer à la compagnie Silversea Cruises, un navire de haute mer de 60 cabines de luxe. Christian Schmitter explique en exclusivité à Tour Hebdo en quoi ce changement s’inscrit dans une stratégie de diversification et de montée en gamme de la compagnie.
Tour Hebdo : Pourquoi avez-vous racheté le Silver Discoverer ?
Christian Schmitter : Pour commencer, je tiens à rappeler que nous sommes une entreprise résolument familiale, avec la troisième génération déjà à bord, et toutes les décisions stratégiques que nous prenons sont collégiales. Je m’exprime en tant que président, mais c’est bien la famille Schmitter qui est derrière les décisions. Ce rachat est à la fois une opportunité et une volonté stratégique. Nous avons été alertés que la compagnie Silversea mettait en vente un bateau qui correspondait au type de produit touristique que nous concevons : un navire à taille humaine de 105 m de long, de 60 cabines, toutes des suites de 17 à 25 m2 pour un total de 120 passagers avec une qualité de prestations haut de gamme. Cette opportunité que nous avons saisie nous permettra d’aller naviguer dans des eaux qui ne nous étaient pas totalement familières et qui offrent des relais de croissance, tant en matière de destinations que de clientèles.
T.H : Voulez-vous accélérer votre présence sur les croisières maritimes ?
C.S : A part notre navire côtier La Belle de l’Adriatique, qui opère aussi en Méditerranée, nous sommes très peu présents en mer. Le futur « La Belle des Océans », c’est son nom, nous ouvre de nouvelles perspectives avec un programme qui va débuter dès cet automne en Asie où le navire est actuellement basé. Nous allons très prochainement commercialiser ce programme très diversifié qui commence par 7 rotations entre Phuket en Thaïlande et Singapour, jusqu’en janvier 2020, date à laquelle le navire va entamer un immense périple pour rejoindre sa destination finale, l’embouchure du Saint-Laurent au Canada. Le navire parcourra aussi la Méditerranée : Chypre, Athènes, Naples pour arriver fin mars à Nice. C’est une étape importante puisqu’elle sera l’occasion d’une présentation officielle du navire à la presse et à nos partenaires de la distribution.
T.H : Quels sont vos autres axes de développement ?
C.S : Il y a d’abord notre volonté de couvrir tous les segments de la croisière fluviale, notre spécificité première. Il ne vous aura pas échappé que notre programmation récente va plutôt vers les destinations lointaines : Asie, Afrique et désormais Amérique du Nord. Nous consolidons nos positions en Europe mais ce n’est pas là où nous pouvons gagner de grandes parts de marché. En revanche, il y a des relais de croissance dans les destinations plus lointaines, qui correspondent aussi à une forte demande de notre clientèle. Nous allons déjà doubler notre capacité en Afrique ; nous revenons fortement en Égypte dès 2020. La diversification passe aussi par le fait de toucher une nouvelle clientèle, un peu plus haut de gamme. Avec La Belle des Océans, nous allons pratiquer des tarifs raisonnables mais forcément plus élevés qui correspondent à la qualité de la prestation. Nous allons pouvoir multiplier les opportunités de « cross marketing » avec nos autres propositions, y compris auprès d’une clientèle familiale.
Christian Schmitter ©B.C.
T.H : Voulez-vous désormais être considéré comme une compagnie de croisières à part entière ?
C.S : Nous avons toujours été croisiériste mais on nous réduisait peut-être uniquement à la partie fluviale. Nous élargissons notre activité. La Belle des Océans est un laboratoire pour nous, qui se traduit aussi par de nouveaux défis, dont ceux de la commercialisation. Nous sommes sur une tendance d’augmentation des ventes de 8 à 9% par an avec des hausses à deux chiffres sur les années où nous mettons de nouvelles offres en service.
T.H : A ce jour, d’où viennent vos clients ?
C.S : Globalement, nous réalisons 70% de nos ventes auprès de la clientèle francophone, à travers tous les canaux de distribution, dont les réseaux d’agences de voyages. Les 30% restants sont principalement réalisés avec nos bureaux à l’étranger en Allemagne, au Royaume-Uni et en Amérique.
T.H : Avez-vous le sentiment de prendre une nouvelle dimension ?
C.S : Nous poursuivons une stratégie de croissance qui est planifiée, tout en ayant la capacité de saisir des opportunités comme celle du rachat de ce navire. Nous sommes effectivement en phase de recrutement pour accompagner cette croissance avec des ambitions qui dépassent déjà, comme vous pouvez le voir, les frontières de l’Europe.