Face à l'afflux touristique estival qui submerge le littoral français, il existe des destinations méconnues où le tourisme durable n’est plus un vague concept, mais une réalité tangible. Explorer ces pépites cachées, c'est redéfinir le voyage en France, à la recherche de calme, de nature et de véritables découvertes culturelles.
Fois cinq, voire fois 25. Voilà la vertigineuse multiplication qui se joue dans certaines communes du Var et des Alpes-Maritimes, lors des congés estivaux. Malgré son indéniable charme, le littoral français dégueule en effet de touristes, d’avril à septembre. Dans l'imaginaire collectif français, l’été se déroule toujours dans les mêmes spots, jusqu’à l’écœurement : les Calanques au son des cigales, les mélancoliques plages normandes, la Promenade des Anglais sous le soleil aveuglant de Nice. De fait, avec 100 millions de visiteurs internationaux en 2023, la France reste la première destination touristique mondiale. Pourtant, selon le Gouvernement, 80 % de l’activité touristique française se concentre sur 20 % du territoire.
Paradoxalement, l’antienne du tourisme durable vibre dans chaque discours gouvernemental. Mardi 7 mai 2024, le premier ministre Gabriel Attal a d’ailleurs rendu publique la Charte d’engagements élaborée en vue des JOP 2024, dont on ne comprend pour l’instant pas bien à quoi cela va ressembler concrètement.
En réalité, ce tourisme durable est là, sous nos yeux. Il existe bel et bien, mais loin des regards. Il s’incarne à travers des noms de régions méconnus, souvent cibles de préjugés éculés. Le Morvan, la Creuse, les Gorges de la Sioule, le Plateau des 1000 étangs, la Côte d’Opale… Combien d’entre nous connaissent ces pépites secrètes, où le tourisme durable n’est pas qu’un concept vain, mais un art de vivre ? Combien d’entre nous, à leur seule évocation, répondent “ah, mais c’est un trou paumé ! Il n’y a rien à faire !”
C’est pourtant bien là, dans ces régions mésestimées, que l’on peut expérimenter le voyage dans son essence la plus pure : celle de “l’évasion du tourisme : préférer le chemin à la destination, et « disparaître » plutôt qu’apparaître partout, pour reprendre les mots de l’écrivain et sociologue Rodolphe Christin, dans son ouvrage “Manuel de l’anti-tourisme”.
À l’opposé du vide que l’on imagine, la Creuse est un territoire extrêmement vivant, vibrant de fêtes et de festivals de villages. À l’opposé de la rudesse qu’on lui prête, le Morvan rayonne de vie, avec ses sentiers vallonnés gorgés de soleil. À l’opposé de l’inintérêt qu’on lui prête, la Côte d’Opale mérite le déplacement, tant pour son patrimoine architectural que son histoire, à tout le moins pour sa lumière si particulière. Quant au plateau des 1000 étangs, en Franche-Comté, dont on n’entend quasiment jamais parler, elle n’a rien à envier à la Finlande, dont elle emprunte les couleurs et l’ambiance mystérieuse.
Loin des foules et du bruit, les voyageurs peuvent enfin trouver un espace pour se ressourcer, se recentrer et se reconnecter avec l'essentiel.
Redéfinir le voyage à travers ces destinations secrètes de France, c'est donner du corps à cette idée encore très floue du “tourisme durable”. Le temps ralenti, la nature partout, les expériences authentiques, loin des artifices et des conventions.
Par Benoit Prigent, co-fondateur de Lokki et CEO de Lokki & Guillaume Jouffre, co-fondateur et CEO de GreenGo