À Toulouse, les Journée du Patrimoine ont été marquées par une importante inauguration : l’un des emblèmes de la ville, la chapelle Saint-Joseph de La Grave, vient d’ouvrir après une très longue restauration. Un lieu culturel mais aussi touristique en devenir.
Son dôme s’aperçoit de loin. Ses reflets verts cuivrés sous le soleil surmontent l’édifice en briques rouges. Il se dit que la chapelle de la Grave est le bâtiment le plus photographié de Toulouse. Car la carte postale est belle, avec la Garonne au premier plan. Mais l’intérieur tenait du mystère…
Désormais les visiteurs pourront la découvrir chaque week-end. La mairie a choisi les Journées du patrimoine 2022 pour rouvrir ce bâtiment historique, désacralisé en 2015. « Nous sommes ici sur le site du CHU, c’est l’hôpital qui reste propriétaire, nous avons passé une convention », rappelle le maire, Jean-Luc Moudenc.
Il y a 6 ans, la mairie a commencé par désenclaver ce site en créant un cheminement depuis le parc voisin (en perçant l’épaisse muraille d’un ancien rempart de la ville). « La première urgence a été d’assurer l’étanchéité de la chapelle », rappelle le maire. Puis est venue la restauration totale : les voûtes du déambulatoire, le lanternon, les façades, ainsi que les décors peints et les sols. Coût TTC : 9M€, financés par la mairie, l’État à 23 % dans le cadre du plan de relance et la Région à 17,3 %.
Crédit photo : Charline Poullain
Le Grand Renfermement
Les visiteurs pénètrent dans le déambulatoire, puis convergent vers le chœur, comme aimantés par la coupole percée de huit fenêtres cintrées. « L’histoire de la chapelle est indissociable de celle de l’hôpital de la Grave », explique Marie Bonnabel, conservatrice du patrimoine. Bâti à la fin du XIIe siècle sur la grève de la Garonne, dont il tirerait son nom, il fut tour à tour un lieu d’enfermement pour pestiférés et indigents. Car au XVIIe, les pauvres, malades mentaux, orphelins et prostituées sont reclus ici, dans ce quartier inondable. C’est l’époque du Grand Renfermement.
Les Toulousains se souviennent surtout qu’au siècle dernier, La Grave était la principale maternité de la ville.
Opérations chirurgicales sous le dôme
C’est cette histoire qui est racontée au travers de la scénographie. « Nous avons voulu inviter des fantômes », dit Marie Bonnabel, indiquant des tableaux numériques où des personnages véridiques ou imaginés se racontent. « Nous avons aussi fait un usage peu orthodoxe des confessionnaux... » On peut désormais y écouter de courtes interviews d’historiens et des témoignages de personnes ayant connu les lieux : un ancien malade alité dans la salle commune après guerre, un externe en psychiatrie, une étudiante qui a assisté depuis les coursives à une opération de prothèse de hanche pratiquée sous le dôme...
Crédit photo : Charline Poullain
Future cité des arts
Une partie de ce site de 5 hectares est encore occupée par l’hôpital, notamment pour des accueils de jour, une autre a été dévolue à la construction de nouveaux immeubles d’habitation. « Tout le reste doit devenir une cité des arts, explique Francis Grass, adjoint toulousain à la culture. Il y a énormément de potentiel, mais aussi énormément des rénovations ! ». Emilie Dalix, conseillère régionale, évoque « un lieu de création et un lieu touristique majeur ».
Ainsi un accès devrait être aménagé depuis le pont Saint-Pierre, pour ne plus avoir à se faufiler sous ses arches.
Visites le week-end et durant les vacances, de 11h à 18h (4€, 2€ tarif réduit).