
Au-delà de la réussite de la saison, la ministre du Tourisme entend travailler sur des réformes de long terme.
Quatre-vingt jours après son arrivée à la tête du ministère tunisien du Tourisme, Amel Karboul a tenu ce vendredi une conférence de presse pour présenter un premier bilan, dresser les perspectives de la saison 2014 et exposer sa stratégie. "Je veux m'inscrire dans l'action", a dit la ministre, devenue une figure médiatique.
"Réussir cette saison 2014 est important car, après trois années de crise, on ne peut pas se permettre d'en vivre une quatrième", a-t-elle souligné. Une saison qui, selon les tendances de réservation récoltées par le ministère pour l'été, s'annonce sous des auspices plus favorables : +15% sur les marchés allemand et russe, +6% sur le marché britannique.
Sur le marché français, la chute s'est poursuivie les trois premiers trimestres, mais elle est en train de ralentir, souligne le ministère. Pour l'été, les tendances de réservations sont très variables selon les TO, d'après les données du ministère. Certains enregistrent de nettes hausses, comme Thomas Cook (+12,8%), Promovacances (+45,8%) ou Look Voyages (+57,9%). En revanche, d'autres connaissent des chutes importantes : TUI France (-17%), Fram (-25,2%), Club Med (-15,6%).
Décentraliser l'investissement
"Au-delà de la saison, nous travaillons sur des réformes structurelles", a déclaré Amel Karboul. Parmi les chantiers engagés, la mise en place d'un observatoire de veille stratégique, ou encore la fusion des sociétés publiques de promotion du golf "en vue de nouvelles missions".
Une "carte nationale de l'investissement" touristique sera également dressée, d'ici fin juin. La ministre fera en mai une tournée des régions, pour consulter et promouvoir les projets des acteurs locaux. "On ne veut plus que l'investissement se concentre sur les côtes, mais qu'il se décentralise et que le tissu local soit impliqué", explique Wahida Djait, la nouvelle directrice de l'Office national du tourisme tunisien.
Dans le document distribué à la presse figure aussi la création d'une société de gestion des actifs, projet poussé par la Banque mondiale, sur lequel tergiversent les autorités depuis deux ans. Cette société rachèterait aux banques les créances "douteuses" des hôtels les plus lourdement endettés, qui grèvent le secteur.
Un audit sur les campagnes de promotion institutionnelles sera réalisé. "On va regarder si cet investissement est payant, explique Wahida Djait. Peut-être qu'il faudra aller vers d'autres formes de promotion, comme Internet, des témoignages… Le pays a des difficultés financières, le budget doit aller là où il faut."
Elodie Auffray, à Tunis