Évidemment la question du RSE s’est invitée lors de la 20 éme convention du CEDIV Travel. Impossible d’y échapper tant le sujet interpelle à l’heure actuelle, obligeant les professionnelles du tourisme à apporter des réponses crédibles et pertinentes
Adriana Minchella ne cachait pas sa joie d’annoncer la forte reprise du secteur et le retour aux chiffres de 2019 du groupe. Mais la présidente du réseau, toujours volontaire mais lucide, dressait la liste des défis à venir : « bien entendu je me réjouis du retour des clients dans nos agences, mais pour que ce mouvement ne faiblisse pas nous devons démontrer notre capacité à défendre nos valeurs et justifier la portée sociétale de nos métiers ».
Vendre du rêve ne suffit plus. Rassurer et donner du sens aux voyages s’imposent dans la liste des argumentaires que les agences de voyages doivent désormais déployer. L’après-Covid exige un repositionnement des entreprises du voyage et l’affirmation de leurs rôles sociétales. Marie Allantaz et Laurent Maucort, co animateur de cette dernière édition de la convention CEDIV, s’employèrent à développer les recommandations de la loi PACTE, applicables aux métiers du tourisme.
Rappel de la Loi PACTE
Plan d'Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises, qui se présente comme une nouvelle étape dans la mutation économique de la France. Son ambition est claire : modification du Code civil et le Code de commerce afin de renforcer la prise en considération des enjeux sociaux et environnementaux dans la stratégie et l'activité des entreprises.
RSE, attractivité métier, intéressement… furent donc les thèmes centraux de cette convention qui vient de se dérouler à bord d’un bateau MSC. C’est dire si Patrick Pourbaix le directeur France de la compagnie était attendu sur ce sujet : « je n’ai pas peur d’aborder ces sujets, car nous avons signé une feuille de route : une réduction de nos émissions d’ici 2030 et nous serons en avance par rapport aux recommandations du GIEC, avec toujours en ligne de mire la perspective d’atteindre la neutralité en 2050. »
Et de décrire toutes les mesures prises pour réduire l’impact environnemental :
- Les piles à combustible : ce système générant jusqu’à 150kw/h entraîne une diminution de 30% des gaz à effet de serre.
- Le GNL (Gaz Naturel Liquéfié) permet de réduire les diffusions d’oxyde de souffre de 90% et celles d’azote de 85% et sans compter une diminution d’émission de CO2 de - 25% par rapport au fioul.
- Les nouvelles peintures des carènes jouent un rôle considérable pour freiner la consommation de carburant de 10% de carburant.
- Les bornes électriques mises en place par les ports évitent de polluer avec les moteurs thermiques
- La technologie hydrogène continu ses recherches toujours avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone totale en 2050.
Le directeur général d’MSC France se veut combatif devant le parterre d’agents de voyages présents en refusant le rôle de bouc émissaire : « Arrêtons de nous culpabiliser. Nous engageons des millions de dollars pour réduire notre impact environnemental afin que la croisière garde son attractivité et toute sa légitimité. Il faut plutôt culpabiliser ceux qui ne font rien, mais de notre côté nous respectons nos engagements fixés par notre feuille de route. Nous sommes des transitionnistes hyperactifs »
Précision nécessaire devant le bashing du moment, désignant la croisière comme la principale source de pollution ! À cet égard, la réalité se doit d’être mentionnée : le trafic maritime, avec ses 75 000 navires, ne génère que 2 à 3% des émissions de CO2 dans le monde. La croisière en prend une petite partie, certes, mais une petite partie seulement puisque sa flotte ne dépasse pas les 300 paquebots.
Autre intervention attendue, celle de Marc Rochet, président du groupe Aire Caraïbes et French bee, qui en tant que transporteur se voit aussi montré du doigt. « Nous sommes la première compagnie française à avoir choisi d’investir dans des avions modernes : l’Airbus A350. Il représente une véritable innovation dans le monde de l’aérien : silencieux, confortable, modulable, spacieux et surtout consommant 25% de moins que les avions anciennes générations. »
D’ailleurs, après son intervention, Marc Rochet s’envolait pour le vol inaugural du dernier A350 French bee, au départ de la Réunion. Il précise : « les clients au départ ou à destination de La Réunion pourront voyager à bord des 2 Airbus A350-1000 et bénéficier d’une expérience de vol encore plus confortable : une cabine plus silencieuse, un éclairage d’ambiance dynamique et personnalisable simulant les différentes heures de la journée, un système de divertissement haute définition et une connexion Wi-Fi. » Cet appareil de toute dernière génération confirme la stratégie de la compagnie en faveur de l’environnement. Outre ses 25 % de réduction de la consommation de carburant il faut noter celle de 50% des nuisances sonores par rapport aux avions des générations précédentes.
Reprendre l’offensive
« Arrêtons de nous culpabiliser » clamait Patrick Pourbaix ! Marc Rochet ne dit pas autre chose : « un vol émet du CO2, certes, mais ne pollue pas plus qu’un champ d’engrais ! Un avion-impact moins qu’une voiture lorsqu’on calcule la consommation au kilomètre par passager. Enfin, il s’agit de relativiser : le transport aérien ne représente que 2.5% de la consommation énergétique mondiale alors que la bande passante de vos iPhone, c’est 8% ! »
Pour les agences, il devient impératif d’embrasser tous ces sujets afin d’aider leur client et faire le tri entre les bonnes et les fausses informations. Il s’agit d’anticiper les interrogations, car elles viendront assurément. Les prises de conscience se font jour même si les comportements des voyageurs ne suivent pas encore. En effet, ils ne se ‘’précipitent pas’’ pour compenser leur vol. Mais les plus jeunes générations s’y préparent. Déjà les entreprises passent le cap et exigent des engagements de la part de leurs fournisseurs. Valérie Bonned secrétaire général des EDV précise : « vous êtes les ‘’sachant’’. Vous devez maîtriser ces sujets. Vos clients vont vous demander des comptes. Aux EDV, nous avons déjà abordé la première étape : celle de l’’information théorique nous allons passer sur la mise en œuvre avec des tutoriels, des ateliers et des conseils adaptés à nos métiers. Le RSE n’est pas réservé aux grandes entreprises. Les PME sont concernées et peuvent s’engager dans ce domaine. C’est à leur portée et les EDV vont vous accompagner ».
Tourisme durable
Les médias, dont les notre Quotidien du Tourisme et Tour Hebdo ne restent pas les bras croisés : nous vous informons sur ces sujets en permanence. Notre confrère Jean Daluz, le président de Tourmag rappelait l’engagement de la presse professionnelle : « nous avons lancé une rubrique sur le tourisme responsable depuis des années. Nous avons créé un trophée. Nous savons son importance de ces questions pour nos lecteurs ».
À cela Laurent Magnin, grand spécialiste de l’aérien, aujourd’hui reconverti dans le conseil, ajoutait : « je reconnais le travail de la presse professionnelle. Mais cela reste entre nous. Pourquoi ne voit-on pas le PDG d’Air France ou d’Airbus au journal de 20 heure ? il faut communiquer auprès du grand public pour sensibiliser les voyageurs eux même »
Mais il s’agit d’argumenter de façon crédible, nous recommande Stanislas Lucien de Travel Insigh : « Gare au bad bashing. Ne vous lancer pas à prendre la parole sans précaution d’usage. Le sujet est tellement sensible que cela risque de se retourner contre vous. »
Adriana Michella très consciente de la difficulté d’appréhender ces sujets précise : « nous allons lancer une rubrique sur notre site BtoB pour que nos adhérents puissent prendre la mesure de cette problématique et maîtriser tout ce qui touche au RSE et de ses dérivés. L’objectif consiste à leur donner les moyens de devenir des ambassadeurs experts. »
Et pour satisfaire Laurent Magnin ; toutes les agences du CEDIV et plus largement celles des EDV seraient bien inspirées de relayer ces informations circonstancielles sur leur site BtoC, en lieu et place du journal de 20 heure. Il s’agit de faire avancer positivement le débat et démontrer, encore une fois, l’expertise des professionnels du tourisme sur ces sujets qui engagent l’avenir de la profession et par la même celui de la planète.
Merci CEDIV Travel