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Gilets jaunes : le tourisme mis à mal, les fêtes de Noël "fichues"


Publié le : 03.12.2018 I Dernière Mise à jour : 03.12.2018
FRANCE MANIFESTATION GILETS JAUNES
136.000 personnes ont à nouveau manifesté samedi en France, d'après le ministère de l'Intérieur. Des violences, des véhicules incendiés et des pillages de commerce se sont notamment produits à l'ouest et au centre de la capitale. Ces violences ont fait 263 blessés en France, dont 133 à Paris. I Crédit photo Adobe Stock

Auteur

  • Céline Perronnet

Tags : économie

Les professionnels du tourisme tirent la sonnette d’alarme après 3 week-ends consécutifs de manifestations et de dégradations qui commencent à peser sévèrement sur leurs activités.

La tension monte aussi du côté des professionnels de l'hôtellerie, du tourisme et du commerce, qui ont appelé dimanche le gouvernement à "rétablir, dans une période de fin d'année cruciale pour le commerce notamment, un climat favorable à l'activité économique" au lendemain des violences et des dégradations commises lors des manifestations des "gilets jaunes", craignant que les achats de Noël ne soient compromis.

"Cette manifestation hier a massacré l'image accueillante de Paris et de la France. Je considère que les fêtes de Noël sont compromises, voire fichues", a déclaré Roland Héguy, président de la Confédération des Acteurs du Tourisme.

"Ces images insoutenables de scènes d'émeutes vont décourager non seulement les touristes étrangers bien sûr, parce qu'elles sont choquantes et inquiétantes, mais aussi les Français, qui vont rentrer chez eux", a-t-il estimé.

De son côté la Chambre de commerce et d'industrie de Paris Ile-de-France a "condamné" dès dimanche les "dégradations importantes commises à l'égard des commerces et des entreprises" dans la capitale.

Elle appelle le gouvernement à "prendre toutes les mesures utiles pour aider les entreprises victimes d'exactions et rétablir, dans une période de fin d'année cruciale pour le commerce notamment, un climat favorable à l'activité économique".

Agir vite

Roland Héguy, qui préside en outre la principale organisation du secteur hôtelier, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), veut lui aussi "que tout cela cesse le plus rapidement possible, que le gouvernement et les manifestants se parlent".

"Il faut qu'on arrête ces manifestations tous les samedis, il faut aller très vite", et cela "sans parler d'état d'urgence. Avec les images qui sont allées dans le monde entier, si on met en place l'état d'urgence, il faudra encore des mois et des mois pour gommer cela", s'inquiète-t-il.

Pour Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, "les violences à Paris et dans plusieurs villes de province incitent au repli. La médiatisation mondiale de ces violences hebdomadaires donne l’impression d’un climat insurrectionnel peu favorable à la destination France". Il ajoute également que "des voyageurs étrangers annulent leur voyage en France, d’autres prennent des décisions de voyages vers d’autres capitales européennes. L’impact sur l’économie du tourisme français et sur l’image de la France ne sera pas neutre".

Repartir à zéro

Dès jeudi dernier, la grande distribution avait averti qu'un nouveau week-end de blocage aurait des conséquences "dramatiques" pour le commerce, dont les ventes ont chuté de 35% et de 20% les deux premiers samedis en France.

"Après les attentats, il a fallu faire un travail de fond avec le Quai d'Orsay, Atout France et les professionnels pour redorer l'image de la France, et au moment où on repartait dans de bonnes conditions, avec ces manifestations et ces images, on repart à zéro!", affirme Roland. Héguy.

Sur les six premiers mois de l'année, la fréquentation touristique a atteint un record "absolu" pour Paris et l'Ile-de-France grâce aux clientèles étrangères, avec 17,1 millions d'arrivées hôtelières (+4,1% sur un an).
Après le trou noir qui avait suivi les attentats de 2015, les visiteurs étrangers sont revenus dans la capitale et sa région, avec un bond de 9,2% de leur fréquentation.

Vers un 4e week-end de contestations

L'Umih a réuni ce jour un "comité d'action sociale et de soutien" pour venir en aide aux professionnels touchés par les dégradations. Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, a annoncé ce matin sur CNews qu’elle recevrait les professionnels du tourisme dans la semaine pour faire le point alors que se profile un quatrième samedi noir.

Plusieurs appels ont déjà été lancés sur Facebook pour manifester à nouveau samedi prochain, 8 décembre, alors qu’un nouveau week-end du même type est "inenvisageable" pour les commerçants et les professionnels du tourisme qui s'inquiètent de voir s'aggraver les "milliards d'euros de pertes" déjà subies.

Une réunion a eu lieu dans ce sens ce matin à Bercy en présence notamment des organisations patronales, des fédérations de commerçants et d'artisans, d'assureurs et de banques, d'hôteliers et de restaurateurs. A la sortie de la réunion, Bruno Le Maire a indiqué que le chiffre d’affaires de la grande distribution avait reculé de 15 % à 25 % depuis le début du mouvement, de 20 % à 40 % dans le commerce de détail, de 15 % dans les marchés de gros, notamment alimentaires, de 20 % dans la restauration. De même, les réservations hôtelières connaissent une chute de 20 % et "l'industrie commence à être touchée", selon lui.

Pas de nouvelles mesures annoncées

Pour Jean-Pierre Mas, "le gouvernement doit réprimer fermement la violence et, en même temps, entendre les revendications des gilets jaunes et y répondre plus clairement qu’avec la "TIPP flottante". Même si elles sont désordonnées et faiblement structurées, ces revendications expriment le ras le bol fiscal d’une catégorie de français qui a du mal à boucler les fins de mois, ne prend pas de vacances et doit prendre la vieille voiture diesel pour aller travailler quotidiennement".

Ce matin, Bruno Le Maire n'a pas annoncé de nouvelles mesures destinées à aider les entreprises en difficultés mais a rappelé que, depuis le 27 novembre, elles pouvaient avoir recours au chômage partiel. Il a aussi indiqué avoir envoyé une circulaire aux préfets pour autoriser l'ouverture dominicale des commerces qui le demandent lors des prochains week-ends.

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