L’hôtellerie, le tourisme d’affaires, l’événementiel, les agences de voyages, les tour-opérateurs … Tous les secteurs sont impactés par les grèves à répétition à la SNCF et Air France alors que demain une nouvelle journée de grève est annoncée dans les transports.
Alors que la SNCF estime désormais à 400 millions d'euros le coût de la grève à la mi-juin, les hôteliers font également les comptes. Selon le cabinet MKG Consulting, les conséquences des grèves à répétition contre la réforme ferroviaire sont fortement préjudiciables pour l’activité hôtelière française.
Sur les mois d’avril et de mai, MKG Consulting estime le manque à gagner pour l’ensemble de la profession à plus de 100 millions d’euros. L’analyse des taux d’occupation réalisée par le cabinet d’étude indique que la perte de fréquentation est assez homogène sur l’ensemble du territoire.
La différence observée, sur les deux derniers mois entre les jours de grève et les jours de non-grèves, est comprise entre 2 et 4 points (2,4 points pour la province, 3,1 points pour l’Ile-de-France et 4,4 points pour Paris). Les hôteliers constatent un net ralentissement de l’activité alors que depuis le début de l’année la reprise était au rendez-vous.
Ils ne sont bien sûr pas les seuls à subir de plein fouet les conséquences des grèves SNCF et Air France, qui se conjuguent depuis deux mois. Elles pèsent aussi sur le tourisme d'affaires et sur le secteur événementiel, les professionnels craignant, au-delà d'une simple baisse d'activité, une perte d'attractivité pour la France.
Dans l'hôtellerie, plus que le tourisme de loisirs, "le plus touché est le tourisme d'affaires", note Roland Héguy, président de l’Umih. Concernant l'activité spécifiquement liée aux congrès et aux séminaires professionnels, "on a constaté un arrêt net et significatif depuis le début de
la grève, et qui va en augmentant car les entreprises ne souhaitent pas prendre de risques", souligne-t-il.
"On est à -50 % de chiffre d'affaires sur ce segment depuis le début des grèves et ça ne bouge pas, malgré un mois de juin traditionnellement très fort pour ce tourisme-là en France. C'est un coup dur étant donné que tout se présentait bien initialement pour 2018", déplore Roland Héguy.
Un nouveau coup dur pour l'image de la France
Même constat dans la filière événementielle, notamment pour "les événements d'entreprise et d'institutions, très touchés" par une baisse d'activité, indique l'Union française des métiers de l'événement (Unimev).
Elle juge que "les répercussions de ces grèves constituent un nouveau coup dur pour l'image de la destination France", et réclame "des mesures compensatrices permettant de restaurer l'attractivité événementielle française".
S'il est difficile de chiffrer précisément le manque à gagner, le cabinet Protourisme estime qu'"on a largement explosé le milliard d'euros" dans l'hébergement, les transports, et pour les événements professionnels annulés.
Selon son président Didier Arino, pour mai, "on est entre 5 % et 10 % de baisse d'activités par rapport à ce que l'on aurait pu avoir dans le tourisme d'affaires".
Autre élément qui pèse dans l'addition, la charge de travail supplémentaire générée pour les agences de voyages et les tour-opérateurs, devant faire partir à tout prix leurs clients les jours de grève.
"L'impact est considérable", résume Alain Capestan, PDG de Comptoir des Voyages, car il faut "modifier les réservations, changer de compagnie aérienne ou trouver un autre acheminement
de la province vers Orly et Charles de Gaulle, etc.".
"Cela touche le tourisme mais aussi, et c'est encore plus grave, les déplacements professionnels. Les conséquences pour Air France sont désastreuses" car les grèves "conditionnent de nouvelles habitudes de réservation vers ses concurrents, notamment sur le segment des déplacements professionnels et des voyages haut de gamme", estime-t-il.
7 TGV sur 10 en circulation demain
A la veille du 14e épisode grève, la SNCF vient de publier ses prévisions de trafic pour demain. Il sera globalement "perturbé" avec, pour les liaisons longues distances, 7 TGV sur 10, 1 Intercités sur 2, et un trafic "quasi normal" sur Thalys et Eurostar. Pour les trains du quotidien, la SNCF prévoit 3 Transilien sur 5 et 1 TER sur 2 en circulation.