Après le « vendez en mai et partez » voici le « n’oubliez pas de revenir en septembre »
Je sais …. Cette année les points marchés se suivent et se ressemblent. En effet, malgré les hausses et les performances depuis le début de l’année, je continue à vous encourager à acheter des actions, à investir sur les grandes valeurs de qualité, européennes et américaines, qui gagnent de l’argent, génèrent du dividende, les sociétés matures via des fonds spécialisés.
En revanche, concernant le Nasdaq, nous sommes sur le fait que les attentes (les prévisions) façonnent progressivement le prix d'un actif financier (son cours de bourse) au fil du temps. En effet, si les résultats réels correspondent aux attentes initiales, alors le prix de cet actif connaît une phase de consolidation.
Actuellement, ce schéma semble être à l'œuvre sur le marché des valeurs technologiques aux États-Unis. Ces actions ont enregistré une performance impressionnante au cours des derniers mois en raison de plusieurs facteurs :
• Un point de départ favorable après une année 2022 difficile,
• La méga-tendance de l'intelligence artificielle tant attendue devenant réalité avec des entreprises comme Microsoft, ChatGPT et Nvidia en tête de course,
• Un consommateur américain résilient,
• Des mesures significatives de réduction des coûts annoncées au quatrième trimestre 2022.
L'indice Nasdaq 100 a augmenté de manière remarquable, affichant une hausse de 43% depuis le début de l'année (YTD), ce qui en fait l'une des meilleures années des deux dernières décennies. Une simple hausse supplémentaire de 5% par rapport aux niveaux actuels mettrait l'année 2023 au niveau de la performance exceptionnelle de 2009, la meilleure année des 20 dernières années. Fait intéressant, 2009 a également suivi une année 2008 dramatique, tout comme 2023 fait suite à une année 2022 très difficile.
La performance exceptionnelle des actions technologiques américaines (valeurs de croissance) est d'autant plus remarquable que les rendements réels et nominaux des obligations ont légèrement augmenté sur la même période.
Par exemple, les rendements des bons du Trésor américain sont passés de 3,40% à 3,85% entre fin avril et maintenant. De plus, les projections de bénéfices pour le Nasdaq 100 en 2023 ont été revues à la hausse de manière modeste de 4,5% pendant cette période.
Néanmoins, en regardant vers 2025, le Nasdaq se négocie à un rapport cours/bénéfices de 22,5x, ce qui se situe dans le haut de la fourchette. Alors, vous me direz qu’il est certainement plus sage de prendre ses bénéfices sur les valeurs du Nasdaq. Cependant, il y a un facteur qui est censé soutenir ce dernier, dans son ensemble et empêcher tout krach boursier :
• L'évolution attendue à la baisse des rendements obligataires, un facteur positif pour les valeurs de croissance.
En effet, les signaux rassurants sur l’inflation de part et d’autre de l’Atlantique devraient permettre aux banquiers centraux d’opter pour davantage de patience.
La semaine dernière a d’ailleurs été marquée par une communication moins agressive du côté de la BCE. Après le discours déjà surprenant du gouverneur allemand, J. Nagel, s’en est suivi celui tout aussi étonnamment souple de son homologue néerlandais, K. Knot. Ce dernier, chef de file des partisans de l’orthodoxie monétaire, a indiqué, qu’une hausse des taux directeurs en septembre n’était qu’une possibilité et non pas une certitude, ajoutant que la poursuite des hausses de taux ferait pencher la balance des risques du côté d’un durcissement excessif.
Ces déclarations constituent-elles les prémices d’un changement de cap ? Nous aurons un début de réponse cette semaine, lors des réunions monétaires de la Fed et de la BCE.
Si leurs intentions en matière de remontée des taux directeurs semblent assez claires (+25 points de base chacune), l’orientation future de leur politique monétaire l’est beaucoup moins. Les acteurs de marché continuent, en tout cas, d’intégrer, dans leurs projections, le scénario selon lequel les banquiers centraux seront moins agressifs comme en témoigne la poursuite de la baisse des taux la semaine dernière. Le mouvement était d’autant plus visible au Royaume-Uni : l’inflation y a enfin montré des signes tangibles de ralentissement, aussi bien sur la partie globale que sous-jacente (respectivement +8% et +6,9% en glissement annuel vs +8,7% et +7,1% en juin). La BoE est toutefois encore loin de pouvoir envisager la fin du resserrement monétaire alors que les prix restent à des niveaux très élevés.
N'oublions d’ailleurs pas l’annonce de Moscou qui a refusé de reconduire, en l’état, l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes, qui pouvaient jusqu’à présent transiter par la mer Noire.
Si c’est surtout un nouvel outil de négociation pour la Russie, le risque concernant l’approvisionnement alimentaire demeure et pourrait engendrer un rebond du prix des matières premières agricoles. L’ampleur de la hausse est néanmoins restée très limitée, à ce stade, et loin des points hauts atteints en 2022.
Une deuxième vague inflationniste apparaît, en effet, peu probable (bonnes perspectives de récoltes, stocks suffisants à court terme et alternatives ferroviaires/terrestres mises en place en Ukraine depuis la guerre) mais la suspension de l’accord pourrait tout de même ralentir le processus désinflationniste en cours.
Les marchés actions ont tiré profit du contexte favorable sur les taux même si l’attention des investisseurs se porte désormais sur la saison de résultats. En effet, nous pensons que les indicateurs économiques auront un impact plus important sur le marché, que les décisions des banques centrales, car celles-ci chercheront à conserver autant d'optionnalités que possible à ce stade.
De plus, les indicateurs avancés suggèrent que l'inflation devrait continuer de se stabiliser.
La réaction du dollar américain après la publication de l’inflation américaine pour le mois de juin nous donne une indication sur la prochaine orientation du marché. Une Fed moins restrictive, est non seulement bénéfique pour l'économie américaine, mais envoie également un message positif pour tous les marchés.
D'un point de vue technique, nous prévoyons que l'euro atteindra de nouveaux sommets dans les prochains mois, autour de 1,15, ce qui coïncide avec un contexte de nouvelles positives sur l'inflation américaine. De plus, en dehors de l'Europe, une confirmation du pic des taux de la Fed devrait ouvrir la voie à un assouplissement supplémentaire de la part de la banque centrale chinoise au cours des prochains mois.
Et quid de la Chine ?
Séparément, bien que nous ne prévoyions pas de mesures drastiques de la part du Politburo cette semaine, des actions ciblées visant à restaurer la confiance sont anticipées, et le ton du message sera déterminant (par exemple, l'engagement envers les objectifs de croissance). En effet, les craintes d’une croissance économique durablement affaiblie en Chine sont revenues sur le devant de la scène. Après la forte déception du PIB au deuxième trimestre, les autorités chinoises ont d’ailleurs dévoilé plusieurs mesures visant à stabiliser la croissance économique notamment à travers la consommation des ménages. Ces annonces assez timides ont cependant été assez mal accueillies et jugées insuffisantes pour respecter l’objectif de croissance annuel.
Toujours en Asie, mentionnons également les dernières statistiques de prix au Japon, où la dynamique inflationniste reste à l’œuvre mais à un rythme graduel qui ne devrait pas nécessiter un ajustement de la politique monétaire de la BoJ dès cette semaine.
Mais pourquoi continuer à privilégier les ACTIONS ?
Car notre avenir ne s’inscrira pas sans usines, sans innovation, sans investissements dans l’outil de production. En effet, il suffit de voir les politiques mises en œuvre aux Etats-Unis, en Chine et ailleurs, qui ne laissent aucun doute : seules les puissances qui déploient une stratégie industrielle de long-terme tireront leur épingle du jeu.
Je développerai dans un prochain point marché le sujet de la dette publique, mais force est de constater que de nombreux pays ont lancé des plans de soutiens publics massifs aux industries nationales. Le modèle chinois existe depuis de nombreuses années (Made in China 2025), sans oublier le América First de Donald Trump, le Chips Act et l’Inflation Reduction Act (IRA) adoptés par les Etats-Unis à l’été 2022, et les plans lancés par le Japon, l’Inde ou le Royaume-Uni.
La question de la réindustrialisation en France et en Europe se pose d’autant plus que l’industrie fait face à des défis nouveaux :
• Crise énergétique
• Transition écologique
• Développement du numérique
Nul ne peut aujourd’hui ignorer l’enjeu climatique et environnemental auquel nous faisons face. Les différents rapports du GIEC sont clairs, il faut investir au plus vite et massivement pour transformer l’activité humaine et l’industrie dans une trajectoire de limitation du changement climatique. Pour cela il faudra investir plusieurs milliards d’euros supplémentaires par an d’ici 2050.
Une autre transformation structurelle est en phase d’accélération : la transition numérique. Elle recoupe différents domaines autour de l’utilisation des technologies numériques par l’industrie avec à la fois la digitalisation des chaines de production, dont l’essor de la robotisation, mais aussi le Big Data et l’internet des objets liés aux processus industriels. Nous parlons alors d’industrie 4.0 ou industrie du futur.
A ce sujet, la France est en retard avec 194 robots installés pour 10.000 salariés en 2020 versus 224 en Italie, 371 en Allemagne et 1.000 en Corée du Sud.
Numériser permet d’améliorer la productivité : 15 à 20 points de productivité pourraient être gagnés en amplifiant l’usage d’outils numériques dans l’industrie (gestion des stocks, accès à la documentation technique, suivi des outils, Big Data et Intelligence artificielle).
La transition écologique est également un levier de compétitivité, à certaines conditions et dans un temps plus long. L’empreinte carbone d’1 kg de textile produit en France est deux fois plus faible que celle d’une même production en Chine. Selon RTE, si l’ensemble des biens manufacturés importés en France étaient produits localement, nous réduirions notre empreinte carbone de 75 millions de tonnes d’équivalent CO2 chaque année. Cela correspond aux émissions totales de l’industrie en 2019 en France.
En conclusion :
Comme nous n’avons pas vendu en mai….nous sommes toujours investi mais alors que faire maintenant ?
- À court terme continuer à préférer les acteurs de qualité portés par des mégatendances (Cloud-AI, réindustrialisation, santé, climat, mobilités…)
- Repenser long terme en retournant hors des grandes pondérations, a savoir privilégier les moyennes capialisation (Midcaps).
- Dans les portefeuilles, diversifier et rebalancer.
- Surveiller la dette.
- La Chine interroge.
- Flux : le meilleur encore à venir pour les actions côtées ?