Il y a un an, les marchés évoquaient le risque d'une récession majeure en Europe, mais celle-ci a finalement été évitée grâce à la réouverture du secteur des services, à l'effondrement du prix du gaz (hiver chaud), à des subventions publiques généreuses et à des carnets de commandes massifs accumulés pendant la pandémie
Alors que tous ces vents favorables de 2023 s'estompent progressivement, les investisseurs envisagent logiquement l'avenir avec un sentiment d'inquiétude, car les décisions stratégiques passées de l'Europe doivent maintenant être prises en compte :
La relation avec la Chine et l'approche "all in" dans les énergies renouvelables.
La relation avec la Chine :
Les investisseurs et les entreprises sont de plus en plus préoccupés par la Chine, et ce pour plusieurs raisons :
• Premièrement, il n'y a aucun signe évident que le régime souhaite réellement relancer la croissance économique par le biais d'un rééquilibrage de son économie en faveur de la consommation
• Deuxièmement, le régime semble adopter une position de plus en plus défensive sur toutes sortes de sujets
• Troisièmement, l'approche "all in" de l'UE en matière d'énergies renouvelables rend en fait l'Europe encore plus dépendante des matières premières de la Chine.
Le "all in" des énergies renouvelables :
En outre, le resserrement monétaire massif de la BCE constitue un défi pour les projets d'énergies renouvelables, qui sont à forte intensité capitalistique. La coordination de l'ensemble de la transition énergétique présente également des difficultés.
En effet, l'AIE (Agence Internationale de l’Energie) avertit l'Europe que ses dépenses en matière d'infrastructures de réseau ne vont pas assez vite.
Enfin, il existe des goulets d'étranglement dans la chaîne d'approvisionnement des matériaux nécessaires à la transition.
En conclusion, il apparaît de plus en plus clairement que les objectifs de l’agenda vert devront être réinitialisés, probablement lors des élections européennes de juin 2024.
Ralentissement économique :
Le scénario de base de la majorité des stratèges reste celui d’une généralisation du ralentissement économique.
Comme toujours, il y a deux grandes familles qui se distinguent :
• Ceux qui pensent que la récession est inévitable en EUROPE et aux ETATS-UNIS et qu’elle est seulement différée depuis de nombreux mois.
• Ceux qui pensent qu’elle n’aura jamais vraiment lieu et qu’elle laissera la place à une période de croissance très faible, proche de zéro, avant que les banques centrales ne baissent les taux.
Dans l'ensemble, nous avons constaté un consensus très pessimiste sur l'Europe.
Qu’est-ce qui pourrait changer la donne ?
• Une remise à plat de l'agenda vert lors des élections européennes de juin 2024
• Des mesures de relance publique en Allemagne
• Un accord sur l'Ukraine
Les risques à la baisse seraient :
• Une chute brutale de la demande extérieure
• Une augmentation rapide du chômage.
Néanmoins, les annonces des entreprises ont plutôt confirmé le point de vue selon lequel l'Europe n'est pas encore en récession, mais stable.
Mais que se passe-t-il de l’autre côté de l’Atlantique ?
L’économie américaine résiste, notamment grâce à la consommation des ménages, très solide, qui a réaccéléré au cours des deux derniers mois.
Notons également que les indicateurs avancés pour l’industrie ont également rebondi. De plus, les mises en chantier de maisons individuelles sont reparties à la hausse, mais il pourrait s’agir d’un rebond fragile. Au niveau de l’emploi, les embauches ralentissent et selon la FED les ménages américains finiraient d’utiliser la surépargne accumulée durant la crise sanitaire. Leur taux d’épargne qui était de 7.5% avant le Covid serait maintenant à 3.5%.
Le consensus s'attend à ce que la désinflation se heurte à un obstacle. Le rebond des prix du pétrole à environ 90 $/b est clairement un vent contraire, et nous ne voyons pas de raisons de s'attendre à une baisse significative compte tenu des conditions d’offre et des restrictions imposées par l’OPEC+.
La hausse par rapport aux niveaux actuels est néanmoins limitée par les conditions de la demande :
• Un atterrissage en douceur en cours dans les pays développés, la faiblesse économique de la Chine. Nous supposons que le prix du pétrole Brent s'établira à 80 $/b en moyenne en 2024.
Cependant, le logement est le principal facteur d'inflation aux États-Unis, et il y a beaucoup de place pour un ralentissement de la croissance des loyers, compte tenu d'autres indicateurs et de signes indiquant que l'offre de logements s'améliorera sensiblement au cours des 12 à 24 prochains mois.
De ce point de vue, nous avons tendance à considérer le niveau des rendements obligataires comme une opportunité, bien que le thème de la résilience économique nous incite toujours à privilégier les actions par rapport aux obligations dans notre allocation d'actifs
En conclusion :
Les marchés d’actions hésitent et restent sans tendance franche. Depuis février-mars, ils évoluent tantôt à la hausse, tantôt à la baisse, autour des niveaux atteints au cours du premier trimestre. À mi-septembre, le CAC 40 gagnait 12% depuis le début de l’année, autour des 7.250 points, à Wall Street le S&P500 progressait de 16.2% sur la même période et le Nasdaq 100, dopé par les géants de la technologie, gagnait, lui, près de 40%.
Les marchés d’actions conservaient donc, à mi-septembre, les plus-values réalisées depuis octobre 2022.
Le potentiel de hausse est désormais limité, mais il se regonflera lorsque les investisseurs auront le sentiment que le mouvement de hausse des taux d’intérêt est vraiment terminé et que les banquiers centraux des pays développés peuvent envisager un horizon, à partir de 2024, pour le début d’une baisse, qui viendra alors donner un peu d’oxygène à l’activité économique.
Notons que si le scénario de la récession se confirme, les marchés anticiperont une réaction des banques centrales – seulement si l’inflation est revenue à des niveaux « maitrisés » proche des 2%-.
Ce scénario serait alors favorable à un rebond des actions, car les investisseurs se projetteront dans la sortie de récession, que ne manqueraient pas de favoriser les gouvernements et, indirectement, les autorités monétaires !
Je reste à votre disposition pour évoquer avec vous la bonne allocation.
Patrick Gautier du cabinet Gautier Patrimoine