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Point Marché : Si le FOMO n’avait pas dit son dernier mot ?


Publié le : 29.02.2024 I Dernière Mise à jour : 09.10.2024
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Auteur

  • Patrick Gautier du cabinet Gautier Patrimoine du groupe Valoria Capita

Tags : économie

Clairement, il ne faut jamais tenter d'aller à contre-courant de la banque centrale américaine

Don’t Fight The FED Je sais…. J’ai déjà utilisé ces titres dans d’autres points marchés, à savoir en avril 2023 et en mars 2022. A croire que l’histoire se répète ? Mais les derniers chiffres de l'inflation américaine le remettent au goût du jour l'adage :

 

Je vous propose de séquencer les 4 dernières années boursières en 5 grandes phases :

 

•Les deux premières phases qui sont : La peur du COVID et la remontée brutale des marchés :

 

Mars 2020, les actions plongent de façon très brutale. Puis il y a eu une incroyable phase de hausse des marchés actions jusqu'en fin d'année 2021, principalement alimentée par les sociétés du numérique et la désorganisation des chaînes d'approvisionnement globalisées. Ceci a permis aux entreprises de gonfler leurs prix de façon spectaculaire, sans en subir les conséquences.

 

•La troisième et quatrième phases sont tout d’abord la correction en 2022 puis le rattrapage en 2023

 

En effet, bien que ce scénario ait pris un peu de plomb dans l'aile début 2024, les indices boursiers ont signé des records. Pourquoi ? Parce que les investisseurs ont accepté que l'assouplissement monétaire prenne du retard sous deux conditions :

 

•Primo, que l'horizon de baisse de taux ne s'éloigne pas trop

 

•Secundo, que l'économie (américaine) tienne le choc.

 

La Fed a d'ailleurs remporté cette manche contre le marché : elle avait mis en garde contre un excès d'optimisme sur le front de la lutte contre l'inflation. On notera quand même que la banque centrale a probablement commis une erreur de communication en décembre, lorsqu'elle a donné un peu trop d'espoirs aux investisseurs.

 

Les investisseurs américains ont pris leur parti d'une inflation plus élevée, plus longtemps, comme le martèle la Fed depuis des mois, d'autant que le président de la Fed de Chicago, a estimé que des données d'inflation légèrement plus élevées pendant quelques mois ne remettraient pas en cause un retour à l'objectif de 2% que vise la banque centrale.

 

Mais concrètement cela donne quoi ?

 

  1. dit inflation plus élevée que prévu dit politique monétaire moins souple
  1. les rendements obligataires ont bondi, jusqu'à 4,3% pour le 10 ans US.
  2. le dollar est remonté face aux principales devises
  3. l'or a reculé sous la barre de 2000 USD l'once

 

  1. les analystes ne pronostiquent plus que trois ou quatre baisses de taux américains de 25 points de base cette année, dont la première en juin, voire en juillet, alors qu’il y a à peine quelques semaines, le marché envisageait sept baisses de taux à partir du mois de mars.

 

La question est donc de savoir si les marchés vont s'angoisser sur l'évolution des taux directeurs à cause de la fermeté de l'inflation américaine ou continuer à partir de l'avant en trouvant de bonnes raisons de le faire.

 

La première raison :

Il existe un courant acheteur puissant sur les valeurs technologiques, une fois de plus, en particulier sur celles qui sont perçues comme les gagnantes de l'intelligence artificielle.

 

Tout le monde veut sa part du gâteau, qui n'est pas très varié actuellement, faute d'une bonne compréhension des enjeux et des potentialités.

 

Du coup, comme dans toute bonne ruée vers l'or, on prend d'assaut les vendeurs de pelles et de pioches. En particulier Nvidia, qui est en quasi-monopole sur le marché actuellement : on y trouve les pelles les plus solides et les pioches les plus pointues.

 

On tente aussi des paris sur l'écosystème qui tourne autour du groupe. Et pour faire bonne mesure, on mise aussi sur les grandes plateformes qui ont les moyens et la volonté de maintenir leur leadership en misant elles aussi sur l'IA.

 

La narration sur l'IA est une force de traction contre laquelle il est difficile de lutter actuellement. Et comme les plus grosses valeurs sont aussi celles que le marché voit le plus profiter de l'IA, l'effet est double sur les indices

 

A propos de la performance des marchés américains - et surtout celle du S&P500 – l’expression « magnificent 7 » fait désormais partie du vocabulaire financier. C’est une référence aux 7 mega capitalisations de la tech américaine : Amazon, Microsoft, Apple, Alphabet, Meta, Nvidia et Tesla.

 

Pour les plus anciens et celles et ceux qui sont musiciens, c’est une référence à la chanson des Clash, sortie en 1981. Nous ne savons pas si ceux qui reprennent cette expression connaissent le thème de la chanson mais c’est assez drôle puisque le groupe de punk/rock y dénonçait le capitalisme.

Les 7 magnifiques représentent plus de 25% de l’indice S&P500. En termes de capitalisation boursière, elles représentent donc davantage que la somme du CAC40, du Footsie100, du Dax, du FTSEMIB, de l’IBEX et du SMI.

 

La pondération des titres par la capitalisation boursière est la méthode de référence pour de nombreux indices et pour de nombreux investisseurs. La « dictature du benchmark » consiste ainsi à suivre les poids de son indice de référence (le benchmark) et dans le cas actuel, implique pour un gérant actions américain de mettre plus de 25% de son portefeuille sur 7 titres ce qui est en totale contradiction avec la règle de base en matière d’investissement, à savoir :

 

diversifier ! ou plus simplement « ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier ».

 

La méthode est critiquée depuis toujours. Il existe heureusement des alternatives comme l’équipondération, la pondération en risque (ou la pondération factorielle plus globalement) ou encore, la pondération par les fondamentaux. La pondération par les fondamentaux traduit l’idée qu’il faut pondérer un titre par sa valeur dans l’économie réelle et non pas, par la valeur que le monde financier lui donne. On pourra retenir comme indicateur le chiffre d’affaires, les profits ou même le nombre d’employés. Voilà quel serait le poids des 7 méga capitalisations américaines selon le critère retenu : nombre d’employés, chiffre d’affaires, profits et capitalisation boursière.

 

Il n’y a pas de conclusion à ce graphique. Normalement l’excès de concentration est un risque, or ce risque ne s’est pas du tout matérialisé en 2023, au contraire, il a été très fortement rémunéré. Est-ce normal, justifié ? Le fait est que les investisseurs ont tendance à extrapoler, à acheter ce qui monte donc il est difficile d’alerter sur ce phénomène. C’est le FOMO.

 

Le FOMO « Fear Of Missing Out » ou la peur de rater le train, nous en parlions il y a 1 an déjà…

Mais le contexte a changé, et si l’an dernier on avait peur de rater le train, donc on achetait le marché, aujourd’hui, il est légitime de s’interroger sur l’opportunité d’investir sur des obligations. En effet, contrairement à la hausse continue des marchés actions depuis quelques mois, le marché obligataire reste toujours en repli.

 

Depuis le début de l'année, l'indice Bloomberg Global Aggregate a chuté de 3% en raison des incertitudes concernant la politique monétaire des grandes banques centrales.

 

Les investisseurs comprennent désormais qu’il n’y aura pas de baisses massives des taux d'intérêt au cours de l’année. Seuls quatre assouplissements sont désormais anticipés pour la FED et la BCE contre six ou sept anticipés en fin d’année dernière. Rien ne devrait donc bouger avant le courant du mois de juin, tant aux États-Unis qu’en Europe.

 

Sur notre continent, le ralentissement des hausses de salaire en zone euro au quatrième trimestre est une nouvelle encourageante, réduisant le risque d'une reprise de l'inflation.

Cependant, Christine Lagarde souligne qu'une confirmation est nécessaire avant que la BCE ne commence à baisser ses taux. Les faucons de la BCE, partisans de l'orthodoxie monétaire, ont d’ailleurs mis en garde contre une réduction trop rapide des taux.

 

Mais alors Actions ou Obligations ? Croissance ou récession ?

Il semble évident que le système d’exploitation du monde est cassé. Avant on concevait en Europe et aux Etats-Unis et on fabriquait en Chine. Avec le Covid tout le monde a compris que l’optimisation était allée trop loin. Les chefs d’Etat ont saisi qu’il n’y avait pas de souveraineté politique sans souveraineté technologique. Donc désormais, on redistribue les usines et la valeur ajoutée dans le monde, au profit des Etats-Unis, de l’Europe, du Mexique, de l’Inde, de l’Indonésie… en fait, nous entrons dans un monde de plus en plus global.

 

Ceci dit, les liquidités feront, selon-moi, moins bien que les autres grandes classes d’actifs, notamment si les gouvernements ont recours à la répression financière pour alléger le fardeau de leur dette. Les rendements attrayants à l’heure actuelle signifient que les performances attendues pour les obligations semblent meilleures que celles observées dans l’histoire récente. Ce sont les actions qui devraient rapporter le plus, notamment celles des entreprises susceptibles d’être les fers de lance de l’innovation de rupture dans les domaines de l’intelligence artificielle, de l’énergie et de la santé.

 

N'oublions pas… tant qu’il y aura des besoins insatisfaits, il y aura de la croissance économique !

 

En conclusion :

 

Nous maintenons une opinion favorable vis-à-vis des actions. La croissance résiste bien aux États-Unis et l’inflation ralentit.

 

Nos indicateurs quantitatifs vont dans le sens d’une prise de risque. Grâce aux mesures de soutien budgétaire, la croissance des États-Unis est restée dynamique, tandis que l’atténuation de l’impact des chocs d’offre continue de faire baisser l’inflation. Les taux d’intérêt plafonnent dans les pays développés ; la plupart des banques centrales devraient réduire leurs taux en 2024 et certains des pays émergents ont déjà commencé à assouplir les leurs.

Les marchés actions et obligataires bénéficient largement du changement de cap récent et de l’assouplissement du discours de la Fed. Les prix des emprunts d’État à long terme intègrent aussi largement un assouplissement des politiques monétaires, même si l’économie reste robuste et que la corrélation positive avec les actions demeure problématique.

 

Nous restons prudents à l’égard des perspectives de l’économie européenne. La croissance de la zone euro est atone et la région est très dépendante de la demande extérieure. Elle pourrait donc être pénalisée par l’atonie de l’économie chinoise.

Les actions japonaises, quant à elles, profitent de la croissance soutenue et des révisions à la hausse des bénéfices.

 

Nous cherchons des segments de marché présentant des fondamentaux solides et des valorisations attractives, comme certains marchés actions émergents, les banques et les moyennes capitalisations américaines.

 

Patrick Gautier du cabinet Gautier Patrimoine du groupe Valoria Capital

 

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