Le président de la République a annoncé hier soir la mise en place d’un reconfinement à partir de ce jeudi à minuit pour lutter contre la seconde vague de coronavirus. Voici ce que l'on sait déjà des nouvelles mesures restrictives valables au moins jusqu’au 1er décembre.
Ce qui change
Fermeture des commerces non essentiels
Tous les commerces dits "non essentiels" recevant du public, comme les agences de voyages mais aussi les bars et restaurants (y compris ceux des hôtels), vont devoir fermer leurs portes.
"Même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’une fermeture administrative comme pour les boites de nuit, les agences de voyages sont soumises à une fermeture d’autorité jusqu’au 1er décembre", précise Valérie Boned, secrétaire générale des Entreprises du Voyage.
A ce stade, c'est donc la liste définie par l’arrêté du 15 mars 2020 qui prévaut pour juger quel commerce est défini comme "essentiel" ou non. Le chef de l'Etat a toutefois précisé qu’un point sur l’évolution de l’épidémie sera fait tous les 15 jours pour décider "le cas échéant de mesures complémentaires" et d’éventuelles allègements de "certaines contraintes en particulier sur les commerces".
Suite aux dernières mesures prises par les autorités françaises, on apprenait ce matin que Disneyland Paris sera fermé à partir du 29 octobre au soir. En prévision des vacances de Noël, les réservations restent cependant ouvertes pour des séjours du 19 décembre au 3 janvier. Le parc sera ensuite de nouveau fermé du 4 janvier au 12 février inclus.
Généralisation du télétravail
Les Français pourront "sortir travailler" a indiqué Emmanuel Macron, sous réserve de présenter une attestation de déplacement dérogatoire pour se rendre au travail ou pour tout déplacement professionnel, qui sera fournie par l’employeur. Mais "partout où c'est possible, le télétravail sera à nouveau généralisé".
"Le recours au télétravail doit être le plus massif possible" pendant le confinement, a confirmé ce jeudi Jean Castex devant les députés. Il a précisé que "dans le secteur privé, toutes les fonctions qui peuvent être télétravaillées doivent l'être cinq jours sur cinq".
Interdiction des réunions et des déplacements dans une autre région
Il ne sera pas possible de se réunir hors du noyau familial, a fait savoir le chef de l'Etat. Tout rassemblement sera interdit, et les établissements accueillant du public seront fermés.
De plus, comme lors du précédent confinement, les déplacements seront limités au strict minimum. "Vous ne pourrez pas vous déplacer d'une région à l'autre, à l'exception des retours de vacances de la Toussaint", a prévenu le président de la République. Il y aura néanmoins "une tolérance durant ce week-end de retour pour que chacune et chacun puisse revenir de son lieu de vacances, pour que les familles puissent s'organiser ".
Limitation des sorties
Comme au printemps, il sera interdit de se déplacer à plus d'un kilomètre de chez soi sans raison valable (rendez-vous médical, porter assistance à un proche, achats essentiels). Là aussi, une attestation sera donc nécessaire pour justifier chaque sortie. En outre, celles-ci seront limitées à une heure par jour. Il ne sera donc pas possible de voyager au sein du territoire national, y compris d’une résidence principale vers une résidence secondaire.
Fermeture des théâtres et cinémas
Les entreprises de l'événementiel, du cinéma et du spectacle vivant seront fermées le temps du confinement, a précisé ce jeudi le Premier ministre. "Pour la culture, nous autorisons le travail préparatoire aux spectacles, les répétitions, les enregistrements et les tournages afin de préparer les activités de demain", a-t-il ajouté devant l'Assemblée nationale.
Obligation des tests à l’aéroport
Du côté des déplacements internationaux, il y aura là aussi des restrictions. Si les frontières intérieures à l'Europe "demeureront ouvertes", celles extérieures seront fermées "sauf exception". Les Français à l'étranger seront en outre autorisés à rentrer. En revanche, les tests de dépistage rapides dits antigéniques devraient être déployés dans les ports et aéroports et seront ainsi rendus obligatoires pour toutes les arrivées.
Ce qui ne change pas
Maintien des cours pour (presque) tous les élèves
C’est le principal changement par rapport au premier confinement : les crèches, écoles, collèges et lycées resteront ouverts. Mais un "protocole sanitaire renforcé" sera mis en place, selon le président de la République. Ainsi, le port du masque sera obligatoire pour les "enfants du primaire, dès l'âge de six ans", a précisé Jean Castex ce jeudi devant l'Assemblée nationale. En revanche, les étudiants à l’université suivront désormais leurs cours en ligne, chaque fois que cela est possible.
Les parcs, jardins et marchés restent ouverts
Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a précisé que les parcs et jardins publics, ainsi que les marchés, resteraient ouverts. "Il pourra y avoir, comme dans le cadre du premier confinement, une décision préfectorale dans le cas où ça ne se passerait pas bien, mais le principe c'est que les marchés pourront être ouverts", a-t-il précisé.
Le chômage partiel se poursuit dans les mêmes conditions
Les entreprises fermées bénéficieront également d'une prise en charge à 100 % par l'Etat du dispositif de chômage partiel, comme cela était le cas au printemps. Les professionnels du tourisme bénéficieront de cette aide sans reste à charge pour l’employeur au moins jusqu’à la fin de l’année. Toutes les entreprises fermées administrativement bénéficieront également du fonds de solidarité renforcé avec une aide pouvant atteindre jusqu’à 10 000 euros par mois.
Pour les autres secteurs non fermés mais affectés par la crise, le gouvernement a finalement décidé de ne pas restreindre les conditions d'accès à l'activité partielle au 1er novembre, contrairement à ce qui était initialement prévu. Ces entreprises pourront donc continuer à bénéficier d'un chômage partiel pris en charge à 84 % par l'Etat.
Ce qui reste flou
Vers de nouvelles aides ?
Pour soutenir les indépendants, les commerçants, les très petites et moyennes entreprises, "un plan spécial sera fait", a indiqué hier soir le chef de l'Etat. "Ces aides pourraient prendre la forme d’exonérations automatiques de charges", indique Valérie Boned.
Le Premier ministre a en effet évoqué "le renforcement des exonérations de charges pour les PME en difficultés" et "une prolongation de 6 mois des prêts garantis par l'Etat".
De plus, les commerces contraints de fermer leurs portes, comme les agences de voyages, pourraient bénéficier d’un coup de pouce sur les loyers. Le gouvernement prévoit "des mesures de trésorerie pour les charges et les loyers des prochaines semaines". Pour les secteurs les plus frappés, les propriétaires de baux commerciaux qui octroieront des baisses de loyer à leur locataire pendant au moins trois mois bénéficieront d’un crédit d’impôt.
Vers un retour de l’avoir ?
L'avoir mis en place le 26 mars et stoppé le 15 septembre pourrait-il faire son retour ? Valérie Boned confirme qu’un "amendement a été déposé en ce sens au Sénat". "Nous n’avons pas eu d’action spécifique sur ce sujet mais nous avons alerté les sénateurs", précise-t-elle. Même si peu de voyages sont actuellement réservés dans les agences, le retour de l’avoir (qui permet aux professionnels de proposer un avoir valable 18 mois à tous les clients dont le séjour a été annulé à cause du coronavirus), "serait un petit plus dans notre arsenal de mesures de soutien", confie Valérie Boned.
Peut-on encore voyager ?
C’est encore le grand flou sur cette question et de nombreux arbitrages devraient être pris d’ici ce soir. Suite à l’annonce du reconfinement qui entraîne notamment la fermeture des frontières internationales, de nombreuses questions demeurent. "Qu’est-ce que l’on fait de nos clients sur place ? A-t-on encore le droit d’aller à l’aéroport ? Les voyages vers les DOM sont-ils maintenus ?", s’interroge Valérie Boned, qui a fait remonter dès hier des points précis aux équipes de Jean-Baptiste Lemoyne.
La conférence de presse donnée par Jean Castex ce soir à 18h30 devrait lever de nombreuses interrogations.