Thierry Marx, président confédéral de l’UMIH et chef étoilé restaurant ONOR, a su marquer son auditoire sur la marque employeur en livrant, avec un naturel attachant, un clin d’œil sur la spiritualité
Sur la marque employeur, Thierry Marx résume d’une courte phrase sa position. Elle relève d’un humanisme avéré, doublé d’un pragmatisme de circonstance. « Je suis dure avec les faits et bienveillant avec les gens ».
Ça veut tout dire…ainsi, l’homme fait rayonner avec honneur la gastronomie française.
Le contexte d’élection sulfureuse se prêtait aux questions sociétales : quelle est sa position ? que pense-t-il du contexte ? Quel est son engagement ? Que pense-t-il de l’époque ?
Le président de l’UMIH ne pouvait pas, comme Henri Giscard d’Estaing avant lui se réfugiant sous la phase célèbre de son père ‘’faites le bon choix’’, afficher son opinion. Il s’est contenté d’un commentaire, mais ô combien frappant : « quand on demande à un jeune pourquoi il va à l’école ? il répond ‘’parce que c’est obligatoire’’. Ma grand-mère me disait ‘’ tu vas à l’école pour être un homme libre ». Sic.
Plus difficile était la question directe de notre confère l’Echos touristique : « vous déclarez que dans vos cuisines, vous avez 18 % de gens de couleur. Si l’extrême droite passe, votre profession dans son ensemble va avoir des problèmes de recrutement ! »
Il répond
« Ma position n’est pas de donner des réponses. Ce n’est pas mon rôle. Par contre je pose des questions sur les positions des uns et des autres. Je connais le terrain, pas eux. Je décris la situation et je demande comment ils vont y répondre. C’est bien plus constructif de construire un dialogue sur des faits afin d’obtenir des solutions opérationnelles.
Il faut éviter de rendre responsables les autres. Nous quittons l’opérationnel. La responsabilité, c’est d’abord la sienne. Sur celle-là vous pouvez agir, plutôt que de la reporter sans chance d’être prise en compte sur le bon vouloir d’un autre. »
Guillaume Linton, président d’Asia, rebondissait sur l’influence de l’Asie, sur son art. Son admiration de la culture du Japon et plus généralement sur l’influence d’une philosophie basée sur l’être que notre occident semble avoir oublié.
« Je suis en effet très influencé par la philosophie du shintoïsme. Elle est très intéressante, car elle relie la spiritualité au sacré, sans lien avec une religion.
Pour ce qui me concerne, je crois beaucoup à la spiritualité et à la sacralisation des choses.
J’ai été formé chez les compagnons des devoirs unis et la première chose que nous faisions était de visiter les cathédrales : à l’intérieur, à l’extérieur… Pas pour voir uniquement comment la religion chrétienne est représentée, mais pour la sacralisation des espaces.
Je dirais qu’en Asie j’ai redécouvert ça : au travers de la nourriture, de la spiritualité, et de la responsabilité. Ne pas chercher la responsabilité chez les autres. Cette approche nous permet de vous élever socialement et spirituellement et de nous dire : verticalement je suis responsable de mes actes.
Quand vous mangez au Japon, vous allez saluer votre assiette en récitant Itadakimasu, ce qui veut dire : ‘’merci de ce que je reçois’’. Vous ne le relayez pas à Dieu, vous le relier à la nature.
C’est cette respectabilité de la nature, cette observation du bio mimétismes, qui m’inspire beaucoup dans mon travail de cuisine : qu’est-ce que c’est que la cuisine, de donner de la mémoire à l’éphémère, de donner un confort de dégustation à un produit tout en restant le plus proche possible du goût originel. On n’abîme pas ce que la nature nous donne. Cette spiritualité-là vous permet de mettre du temps entre vos émotions et vos actions.
Quand je répondais à la question sur le jugement des extrêmes, j’expliquais que je ne porte pas de jugement. Je n’ai pas à le faire. Je ne suis qu’un individu, pas supérieur aux autres pour tenter un jugement. Je regarde et je pose des questions, est-ce que ça va être utile ou pas ? C’est tout.
J’ai beaucoup de mal avec une société qui ne veut plus voir de spiritualité et de sacré. Pour ce qui me concerne, je suis animé par cette approche : celle de la spiritualité qui se relie au sacré.