À cette occasion, Tour Hebdo était présent à l’initiative de South African Tourism et a pu s’entretenir avec Madame la ministre du Tourisme sud-africain, Patricia de Lille.

Interview madame Patricia de Lille, ministre du Tourisme sud-africain

Par Violaine Cherrier

 

Tour Hebdo : Comment comptez-vous développer le tourisme international, européen notamment, en Afrique du Sud ?

Patricia de Lille : Nous souhaitons en effet permettre à un plus grand nombre de personnes de visiter l'Afrique du Sud. Les liaisons aériennes directes sont donc essentielles pour développer le tourisme dans notre pays. À titre personnel, j’apprécie lorsque je voyage de pouvoir me rendre directement vers ma destination sans avoir à transiter par un autre pays. Au Royaume-Uni par exemple, British Airways et Virgin Atlantic proposent tous deux des vols quotidiens vers Johannesburg et Le Cap. North Atlantic Airways, quant à elle, va lancer une nouvelle liaison directe entre London Gateway et Le Cap. (NDLR : Air France propose également depuis Paris un vol quotidien sans escale vers Johannesburg et un vol avec escale pour Le Cap). En parallèle, nous sommes impatients d'avoir un vol direct entre SAA, entre Le Cap et Ouattambo, et Londres via South African Airways mais la compagnie n’est pas encore pleinement remise de la crise du Covid.

 

Soutenir le secteur aérien

Dans ce contexte, le président Ramaphosa a demandé au ministère du Tourisme d’unifier les accès aériens nationaux. En effet, quatre provinces gèrent elles-mêmes leur propre accès aérien : Cape Town Air Access, Durban Direct, Eastern Cape et Gauteng. Par conséquent, la ministre entend créer une société mixte composée de représentants du secteur privé et du secteur public. « Ce n’est pas au gouvernement de gérer les compagnies aériennes. Il peut être propriétaire d'une compagnie aérienne, mais il ne doit certainement pas la diriger. C'est pourquoi nous voulons que le secteur privé soit impliqué dès le départ. Le moment est venu de repenser nos stratégies de développement dans le secteur du tourisme et de renforcer l’intégration et la coopération régionales. Nous devons encourager les partenariats stratégiques public-privé, promouvoir les investissements dans le secteur du tourisme au niveau régional, et recentrer nos efforts pour mettre en œuvre des projets à fort impact. »

 

Tour Hebdo : Quels sont les principaux atouts de l’Afrique du Sud ?

Patricia de Lille : Beaucoup de choses, mais pour moi, notre principal point différenciant repose sur la valeur du Rand par rapport à la Livre Sterling et à l’Euro grâce à un taux de change très avantageux. Si vous venez ici, vous en aurez vraiment pour votre argent ! Les touristes européens peuvent tout à fait s'offrir des hôtels cinq étoiles. Et donc, en termes de rapport qualité-prix, c'est certainement un grand attrait. Ensuite, l'Afrique du Sud, à commencer par la ville du Cap, ont reçu de nombreuses récompenses internationales.

 

Tour Hebdo : Par exemple ?

Patricia de Lille : Tout récemment, le Cap a été classé deuxième sur 40 destinations pour son rapport qualité-prix. The Telegraph a également élu l'Afrique du Sud « meilleur pays » à visiter et le Cap « meilleure ville » à visiter. Sans compter le haut niveau de service que nous proposons tout au long de la chaîne de valeur. Enfin, nous avons la chance d'avoir du soleil toute l’année et des plages magnifiques. Mais aujourd'hui, nous commençons à diversifier notre offre touristique.

 

Tour Hebdo : C’est-à-dire ?

Patricia de Lille : Nous avions jusqu’alors laissé de côté un secteur important du tourisme, à savoir nos petites villes, nos villages, nos cantons. Nous les appelons « les joyaux cachés » et nous les avons maintenant pleinement intégrés à notre offre. Ils sont d’un excellent rapport qualité – prix. Voyager en Afrique du Sud ne tourne plus exclusivement autour des safaris. Il y a beaucoup plus à voir. Nous avons notamment signé un accord avec Google et Airbnb pour nous aider à placer ces petits joyaux cachés sur la carte mondiale de Google. Un site web a été créé il y a environ quatre mois et nous avons demandé à toutes les petites villes et à tous les villages de s'y inscrire. Il y en a déjà plus de 60 000. C'est donc une nouvelle offre que nous proposons.

 

Des marchés européens en croissance depuis le début de l’année

L’Afrique du Sud peut s’appuyer sur les marchés européens pour retrouver sa dynamique pré-covid. Pour compléter les chiffres indiqués dans notre article « Africa’s Travel Indaba 2024 : que faut-il en retenir ? » :

- De janvier à mars 2024, l'Afrique du Sud enregistre 420 727 arrivées de touristes en provenance d'Europe, soit une augmentation de 8,6% par rapport à la même période en 2023.

-Le Royaume-Uni reste le premier marché source européen, avec 125 420 touristes choisissant l'Afrique du Sud, soit une croissance de 5,3 % par rapport à 2023.

-L'Allemagne a connu une augmentation de 9,9% des arrivées par rapport à la même période en 2023, soit 98 954 touristes.

-Viennent ensuite les Pays-Bas, avec une augmentation de 9,9 % par rapport à 2023, soit 37 548 arrivées de touristes entre janvier et mars.

-La Russie affiche elle aussi une croissance de 9,6 % par rapport à 2023, avec 9 329 arrivées entre janvier et mars.

 

Tour Hebdo : Vous vous appuyez donc sur les nouvelles technologies pour promouvoir la destination ?

Patricia de Lille : Il est en effet essentiel de réfléchir à la manière pour l’Afrique d’aller de l’avant en s’appuyant sur les nouvelles avancées technologiques comme les plateformes de réservation numériques, les systèmes de sécurité biométriques et les carburants durables dans l’aéronautique. Mais pas que. Nous comptons également sur la technologie pour renforcer la sécurité des touristes dans le pays. Nous avons par exemple signé un partenariat avec Google Maps pour retirer les routes dangereuses des GPS et ne pas inciter les touristes à les emprunter. Nous avons également signé en 2023 un protocole d'accord avec Airbnb pour développer nos services touristiques et ainsi accroître le tourisme en Afrique du Sud tout en créant davantage d'emplois dans le secteur. L’an dernier, le tourisme a ainsi contribué au PIB à hauteur de 6,7 % et créé 1,3 million d'emplois. Pour toutes ces raisons, l’Afrique du Sud est une destination touristique « illimitée » et nous sommes prêts à accueillir les touristes du monde entier.

 

Focus sur la sûreté et la sécurité

L'un des principaux domaines d'activité sur lesquels le ministère du Tourisme a travaillé plus intensément en 2023 est le renforcement des mesures de sécurité pour les voyageurs. Ainsi, lors de l’Africa’s Travel Indaba, les forces de l'ordre étaient très présentes autour du centre des congrès international de Durban où se tenait le salon, et très visibles dans toute la ville, en particulier autour des centres touristiques. Un renforcement réalisé principalement grâce à une collaboration plus étroite avec le secteur privé en matière de sûreté et de sécurité des voyageurs, et qui était le sujet principal du Forum national sur la sécurité du tourisme. Le ministère du tourisme a également investi 174,5 millions de Rands pour déployer plus de 2 300 dispositifs de contrôle dans les principales attractions touristiques du pays afin de renforcer la sécurité. Enfin, l'application Secura Traveller permet de relier les touristes à plus de 200 prestataires de services médicaux, de sécurité et autres par le biais d'un simple clic.