Bien sûr c’est un voyage. Bien sûr les adhérents du réseau des agences indépendantes se doivent de tout connaître des merveilles du monde afin de bien conseiller leurs clients. Mais de là à participer eux même à une expédition, il y a justement… un monde
Et pourtant, avec une motivation démontrant la capacité d’une profession à se solidariser pour un but commun, ils l’ont fait.
Adriana Minchella, la présidente du Cediv affirme : « au plus profond de la pandémie, nous avons prouvé qu’une profession pouvait avancer ensemble dans l’union. Nous voulions, comme un point d’orgue, poursuivre cette belle dynamique avec une expérience emblématique. Si le choix de l’assenions du Kilimanjaro paraissait inatteignable pour les amateurs que nous sommes, Isabelle Mislanghe, grande professionnel et directrice de l’agence de voyages Coté Soleil a su nous convaincre du contraire ».
Cette agence se centre sur trois pôles d'activités : Le tourisme d'affaires, individuel et sportif.
Elle oscille entre la vente de voyages à l'agence et l'organisation de séminaire. La gérante, ancienne sportive de haut niveau, avec de nombreuses participations et podiums aux Raids aventures internationaux, se plaît à organiser des incentives à connotation sportive. Elle témoigne : « mon coup de cœur reste l'ascension du Kilimandjaro, que j'effectue chaque année en tant que chef d'expédition ». D’où celle du Cediv.
À son retour d’expédition, elle nous partage son journal de bord
par Constance Viandier, Chef d’expédition, Agence de voyages Côté Soleil
Ascension du Kilimandjaro : Janvier 2024
Au moment où nous nous enfonçons plus profondément dans les fauteuils, l’avion gagnant en altitude, je regarde une dernière fois par le hublot, la silhouette majestueuse du Kilimandjaro percer à travers les nuages… J’admire ce grandiose triptyque de la nature, façonné par le temps : ici le plateau de Shira, là le Mawenzi et tout en haut le Kibo.
Lentement, je retrace du regard le chemin parcouru pour atteindre cette cime blanche étincelante…
À mesure que je progresse, les souvenirs défilent, les chants résonnent et le cœur se noue…
Je revois notre arrivée à l’aéroport au pied de la montagne, quelques heures après avoir quitté le tumulte et la grisaille parisienne. Je ressens notre excitation presque enfantine à la vue des premiers singes en liberté, des vervets comme des cercopithèques à diadème, se laissant approcher au milieu d’une verdure luxuriante.
Après une première nuit en lodge, les derniers briefings avant le départ, le passage de la porte Machame toujours plein d’espérances… nous nous lançons enfin à la conquête d’un sommet emblématique, issue d’un projet que la présidente du CEDIV TRAVEL, Adriana Minchella, avait planifié depuis près d’un an !
Nous progressons lentement sous la canopée équatoriale. Elle bruisse de chants d’oiseau, de craquements, de branches ou de cris des singes. Une légère bruine et des lianes longilignes achèvent de rendre le décor enchanteur.
Arrivée au camp de Machame, nous profitons, sous une grande tente, d’un dîner bien mérité. Dans une ambiance forcément chaleureuse, chacun apprend à échanger, que ce soit sur le plan personnel que sur le plan professionnel. Voilà la grande force d’une expédition de ce type.
Le lendemain, les arbres se clairsèment. Les premiers rochers apparaissent. La vue se dégage, laissant entrevoir le mont Meru. Après quelques ruisseaux enjambés, nous voici sur le plateau de Shira, à près de 3 800m d’altitude. À la nuit tombée, loin de toute pollution lumineuse, la voûte céleste nous fait découvrir ses détails insoupçonnés.
Nous nous réveillons au-dessus des nuages. Sous l’azur, l’ascension commence par la traversée d’un long champ de roches rondes et noires, témoins du passé volcanique intense, s’étendant jusqu’à Lava Tower. Cette dernière se présente comme l’objectif du jour, culminant à près de 4 600m. Il s’agit d’une cheminée de lave en fusion, figée par comme par enchantement. Son enveloppe extérieure, progressivement laminée par le temps, laisse apparaître une seule structure droite et monumentale.
Après un déjeuner chaud pour retrouver de l’énergie, nous entamons la descente jusqu’au camp de Barranco à 3 900m dans la brume et les séneçons géants. C’est la partie la plus féerique.
Les dîners, après des efforts vécus ensemble, resteront toujours des moments joyeux. La glace se brise naturellement pour laisser place à une ambiance festive. Tout le monde respire la confiance. Le groupe affiche une motivation euphorique. Quel plaisir ces instants de partage sincère !
En cette fin de journée, depuis le camp de Barranco, la fatigue accumulée et l’altitude aidant, nous apprécions la magie du moment où l’astre du jour embrasse en rougissant la mer de nuages.
Les premières lueurs du jour nous tirent d’un sommeil réparateur. Voici l’ascension du mur de Barranco. Il s’agit de la partie la plus redoutée, car la plus aérienne, sans pour autant présenter de réelles difficultés. Le groupe s’accroche et s’entraide. La bonne humeur fuse. En haut de ce promontoire, la vue imprenable se couvre rapidement. Les nuages nous ont rattrapés. Ils nous enveloppent désormais de leur blancheur pour devenir notre seul horizon. Qu’importe, chacun se congratule pour d’avoir réussi à franchir cette fameuse étape de l’ascension.
Vient ensuite la longue marche jusqu’à Karanga, sur les contreforts sud du Kibo, où l’on peut voir notre colonne de porteurs et de marcheurs, s’étirer. Encore un jour jusqu’à l’arrivée Barafu, le dernier camp de base, situé sur la ligne d’épaule la plus praticable, menant au bord du cratère sommital. Nous sommes désormais à 4 600m d’altitude… il ne reste plus que 1 200m de dénivelé positif nous séparant de notre objectif. Le soir, j’échange avec les guides. La météo ne va pas faciliter notre ascension. Des vents importants s’invitent pour cette nuit. Alors, avec Isabelle, nous décidons de repousser le départ, initialement prévu à minuit, à 3h du matin. Nous cherchons à diminuer notre exposition aux conditions qui s’annoncent rudes.
Après une courte nuit, où il est toujours délicat de trouver le sommeil, l’heure des dernières consignes s’impose. Tout le monde garde le sourire, mais je ressens bien que chacun se concentre en direction de l’objectif final. Pourront-ils réussir ce défi ? L’opportunité de gravir ce sommet mythique ne s’offre pas tous les jours au commun des mortels. À 3h du matin, dans la nuit noire et les rafales de vent glaciales, les frontales de chacun dessinent une colonne qui s’ébranle… Le CEDIV se lance à l’assaut du Kilimandjaro !
Peu de temps après être partis, nous croisons un groupe qui déjà redescend, renonçant à poursuivre l’aventure. Pour ce qui nous concerne, j’échange régulièrement avec les guides. Tout le monde tient, même dans des conditions difficiles. Personne ne veut abandonner. La cohésion de groupe qui s’est progressivement construite durant l’ascension prend tout son sens. On s’entraide, on s’encourage, tandis que les chants des guides résonnent dans la nuit et rythment nos pas. Un à un, nous gravissons patiemment les mètres de dénivelé nous séparant du sommet.
La nuit devient bleue, laissant place aux premières lueurs de l’aube. L’espoir grandit… Quelques instants encore et voilà que le ciel s’embrase au-dessus du Mawenzi. Galvanisés par le spectacle rougeoyant de l’aurore, réchauffés par les premiers rayons du soleil, nous redoublons d’efforts. Malgré la fatigue et le manque d’oxygène, des sourires de fierté se dessinent sur les visages. Les derniers mètres se conquièrent petit à petit. Nous atteignons Stella Point, au bord du cratère puis Uhuru Peak, le point culminant du continent africain à 5 895m. Nous avons relevé le défi. Nous avons réussi !
Chacun laisse exploser sa joie devant l’exploit accompli. Place à l’euphorie et aux photos. L’instant semble suspendu. Alors que nos pieds foulent un glacier, nous devinons en contrebas à travers les nuages un décor de savane. Il y a quelque chose d’irréel. Comme un rêve éveillé. Chaque expédition du Kilimandjaro restera unique.
Quelques jours après, nous revoici à Paris pour la soirée des vœux du CEDIV. Je retrouve avec plaisir les membres de l’expédition. J’ai plus partagé en 7 jours qu’avec eux qu’avec d’autres personnes côtoyées pendant un an !
Grâce à ce projet, chacun de nous prend à son compte la mesure de la devise que nous répétait Adriana : « Seul on va vite, ensemble on va loin ».
Constance Viandier
Chef d’expédition
Agence de voyages Côté Soleil
www.cotesoleilexpeditions.com