Après s'être rassemblés hier devant le siège de TUI France, les salariés comptent se rendre à Bruxelles-Zaventem où sont installés les bureaux de la Western Region de TUI. L’objectif : manifester leur mécontentement face au plan social programmé.
« Nous avons abandonné l'idée d'essayer de négocier avec le PDG de TUI France, installé au Maroc, et qui ne daigne pas nous parler, et allons nous adresser à son supérieur hiérarchique, Elie Bruyninckx à Zaventem [aéroport de Bruxelles, NDLR] le 23 juillet », a précisé à l'AFP Lazare Razkallah (CGT), secrétaire du Comité social et économique (CSE). Les salariés, en chômage partiel, ont appris le plan social grâce à un lien sur internet « du PDG installé au Maroc », dénonce-t-il.
Depuis le CSE du 17 juin dernier, date à laquelle le plan social a été officialisé, Lazare Razkallah et les salariés ne décolèrent pas. « Ils profitent du chômage partiel pour licencier. Ils profitent du CICE parce que TUI France a touché 10 millions d'euros dans ce cadre. Ils profitent de l'aide publique pour licencier et créer des postes au Maroc », assène le secrétaire du CSE. Une délégation du CSE et de salariés a donc décidé de se rendre directement à Bruxelles-Zaventem, où est situé le siège social de la Western Région qui gère TUI France, Pays-Bas et Belgique, le 23 juillet prochain.
Dans un courrier en réponse à une lettre ouverte du CSE de TUI France, Elie Bruyninckx explique que « la crise a rebattu les cartes, fragilisant la situation du groupe » et que « l'urgence de la situation l'a conduit à devoir envisager des mesures drastiques afin de permettre une chance à la poursuite de l’activité ».
« La situation déjà fragilisée de TUI France, avec des pertes significatives depuis plusieurs années, et maintenant à nouveau détériorée par la crise, ne laisse pas de marge de manoeuvre et augurait un état de cessation des paiements à très court terme », poursuit le patron de la Western Region, qui ajoute que « même si les moyens de TUI sont aujourd'hui limités, le groupe a néanmoins confirmé être disposé à accompagner TUI France afin d'éviter la faillite ».
Les agences de TUI France pourraient être reprises (et leurs agents de voyages avec)
De son côté, la direction de TUI France affirme être « consciente que ce nouveau projet passe malheureusement par de nombreuses pertes d’emploi ». Elle assure pourtant vouloir tout faire « pour accompagner ses collaborateurs dans la recherche d’une solution professionnelle et s’est efforcée de prévoir un dispositif complet de mesures d’accompagnement : formation, aide à la création d’entreprise, accompagnement des recherches d’emploi ou de reconversion professionnelle, avec l’aide d’un cabinet de reclassement pour accompagner les salariés ».
Les syndicats dénoncent eux des indemnités de licenciement « au ras des pâquerettes et un congé de reclassement extrêmement bas. » Pour Nia Diarra, représentante syndicale CFDT, « la goutte d'eau qui fait déborder le vase c'est les conditions qu'ils nous ont proposées. Il est hors de question que des salariés qui ont donné 20 ans, 30 ans de leur vie dans une boîte, qui a été dirigée par des incompétents qui n'ont pas su s'adapter au marché français, payent la facture. »
Concernant les agences, la direction précise enfin : « TUI France a reçu beaucoup de marques d’intérêts ». Avant d’ajouter : « L'impact potentiel de la suppression de 266 postes dans le réseau d'agences n'est donc pas définitif et TUI France aidera à la recherche de candidats pour transformer les agences intégrées en mandataires ou les céder à d'autres réseaux de distribution. »
Une délégation syndicale prévoit également de se rendre jeudi à Lyon sur un site de TUI France opérant Passion des îles et employant 80 personnes, selon Lazare Razkallah. Pour rappel, TUI France a annoncé le 17 juin dernier un projet de réorganisation prévoyant la suppression de 317 postes sur 904, « hors l'impact potentiel dans le réseau d'agences intégrées », soit les 65 points de vente physiques qu'elle détient en propre. Le plan social pourrait concerner près de 600 postes au total.