Le groupe britannique s’est déclaré en faillite cette nuit après l’échec d’une négociation de la dernière chance. Toutes les réservations, vols et séjours sont annulés déclenchant une opération de rapatriement sans précédent.
Il n’y a pas eu de miracle pour Thomas Cook. Le groupe a publié dans la nuit un communiqué expliquant que « malgré des efforts considérables (…), les discussions entre les différentes parties prenantes du groupe et de nouvelles sources de financements possibles n’ont pas débouché sur un accord. Le conseil d’administration a donc conclu qu’il n’avait d’autre choix que de prendre les mesures pour entrer en liquidation judiciaire avec effet immédiat ».
10 000 clients français à rapatrier
Au-delà de l’accord de recapitalisation en cours avec Fosun, banques et créanciers prévoyant l’injection de 900 millions de livres, le groupe devait trouver impérativement 200 millions de livres (227 millions d’euros) de financements supplémentaires pour espérer passer l’hiver.
« C’est un profond regret pour le conseil d’administration et moi de ne pas avoir réussi. Je tiens à m’excuser auprès de nos millions de clients, nos milliers d’employés, fournisseurs et partenaires qui nous soutiennent depuis des années », a déclaré Peter Fankhauser, président du plus ancien voyagiste du monde, évoquant un « jour profondément triste pour une entreprise pionnière du voyage organisé ».
600 000 clients du voyagiste dans le monde, dont 150 000 Britanniques et 10 000 Français, selon les estimations de Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, vont devoir être rapatriés.
Les autorités britanniques s’étaient préparées à cette éventualité dès ce week-end travaillant sur le déclenchement d’une opération sans précédent baptisée « Opération Matterhorn », du nom d’une campagne de bombardement américaine lors de la deuxième guerre mondiale.
« Le gouvernement et l’Autorité de l’aviation (CAA) lancent l’opération de rapatriement la plus importante pour des civils de l’histoire en temps de paix », a déclaré le département britannique des Transports dans un communiqué.
Les clients à destination « peuvent consulter le site www.thomascook.caa.co.uk et ne se rendre à l’aéroport que lorsqu’ils ont un vol alternatif confirmé », enjoint la CAA qui précise les numéros des lignes téléphoniques spéciales ouvertes pour aider les voyageurs (0300 303 2800 en Grande-Bretagne et Irlande, +44 1753 330 330 depuis l’étranger).
Un coup de tonnerre pour le secteur
La CAA ajoute avoir sécurisé des avions spéciaux pour cette opération colossale qui devrait durer jusqu’au 6 octobre, même si certains touristes pourront rentrer par des vols commerciaux. Elle rappelle que les voyages organisés bénéficient de la garantie ATOL, qui découle d’une directive européenne. Cette législation s’applique aux autres membres de l’UE, incluant la France.
La CAA relève que les clients ayant acheté un séjour qu’ils n’ont pas encore utilisé auront droit à « un remboursement complet », et que ceux qui sont coincés à l’étranger pourront aussi recouvrer les frais encourus sur place si leur retour est retardé.
En France, Thomas Cook et son tour-opérateur Jet tours n’ont pour l’instant pas réagi à cette annonce. Dès hier, Jean-Mas déclarait qu'une faillite serait « un coup de tonnerre, parce que cela ne s'est jamais produit », mais aussi car cela ébranlerait « l'ensemble de la profession ». Thomas Cook France compte plus de 430 agences de voyages en France, dont plus de 180 en propre, qui seront fermées dès ce matin.
L’ensemble des dossiers en cours de Jet tours vont devoir être re-protégés. Quant aux partenaires tour-opérateurs du réseau, certains risquent de se trouver en situation délicate. Michel Salaün, président du groupe Salaun qui possède 30 agences à l’enseigne Thomas Cook et travaillait sur un projet de reprise du réseau désormais en suspens, évoquait hier un impact de 1,8 million d'euros sur son chiffre d'affaires.
À la fois tour-opérateur, distributeur et compagnie aérienne, le groupe Thomas Cook réalisait près de 10 milliards de livres de chiffre d’affaires par an, faisant voyager chaque année quelque 22 millions de clients en provenance de 16 pays principalement vers l’Europe du sud et la Méditerranée. Il emploie 21 000 personnes.