Le groupe TUI a annoncé un plan social prévoyant la suppression de 8 000 postes dans le monde. Si aucune précision n'avait encore été donnée mercredi matin pour les salariés français, le CSE de la filiale annonçait toutefois ne pas vouloir se laisser faire.
La pandémie du Covid-19 aura un lourd impact sur les activités du voyagiste. En conséquence de la crise sanitaire, le groupe TUI — qui a vu ses activités être mises à l'arrêt — a annoncé mercredi son intention de supprimer 8 000 postes dans le monde, soit plus de 10% de ses effectifs. « Nous voulons réduire nos charges administratives durablement de 30% sur l'ensemble du groupe » avec « des conséquences sur environ 8 000 postes » que « nous n'allons pas occuper ou supprimer », a indiqué le tour-opérateur.
Les chiffres annoncés pour les activités mondiales n'apportent pour le moment pas de précisions sur les répercussions pour la filiale française. La direction de TUI France indique néanmoins qu'un « ajustement des business plans et des coûts pourrait s’imposer ».
« Comme tout actionnaire, le groupe TUI doit s’assurer de la rentabilité de ses investissements. Dans ce cadre, et compte tenu de l’impact de la crise sur le secteur du tourisme et du rythme de la reprise, il est probable que le niveau d’activité d’avant crise ne soit pas atteint avant plusieurs mois, voire années. Dans ce cadre, il est clair qu’imaginer reprendre comme si rien n’avait changé est impossible. Un ajustement des business plans et des coûts pourrait s’imposer. C’est bien le sujet des discussions actuelles avec la maison mère », a précisé TUI France.
Les réponses, le secrétaire général du CSE de TUI France, Lazare Razkallah, les espère rapides. « Nous avons reçu un message du groupe hier, en anglais, qui nous disait qu'il y allait avoir des restructurations dans différents services. Nous ne sommes pas surpris, mais l'urgence est d'attendre ! », a-t-il réagi auprès de Tour Hebdo. « TUI est un grand groupe qui a les moyens d'attendre. En particulier en France en ce moment, avec le chômage partiel qui a pu être mis en place pour les salariés. On sait que des TO vont tomber à cause de la crise, et des opportunités vont se créer. TUI pourrait alors se placer en position dominante. Le monde ne va pas s'arrêter, les choses vont se remettre en place. La saison de juillet-août est fichue, mais il faut garder nos forces pour l'hiver prochain. L'activité va reprendre et les brochures sont prêtes », explique-t-il.
Un prêt de 1,8 milliard d'euros
Le groupe, qui compte près de 70 000 salariés à travers le monde, a fait état d'une forte perte nette au deuxième trimestre de son exercice annuel décalé, entre janvier et mars, en baisse de 274,7% à -763,6 millions d'euros. Son résultat d'exploitation (Ebit) est également dans le rouge, à -681 millions d'euros, chutant de 181,2%. Le chiffre d'affaires de TUI est également en fort recul au deuxième trimestre, en baisse de 10% par rapport à la même période en 2019.
Confronté à l'arrêt quasi-total de ses activités depuis mars, le groupe a bénéficié en avril d'un prêt d'urgence garanti de l'Etat allemand à hauteur de 1,8 milliard d'euros. Le voyagiste a ainsi profité d'un plan d'aide aux entreprises de plusieurs centaines de milliards d'euros, annoncé mi-mars par Berlin, incluant des prêts « sans limites », garantis par la puissance publique. Mais « les crédits doivent être remboursés dans un laps de temps très court », indique de son côté TUI. C'est pourquoi « le groupe met désormais en œuvre » un « programme global » avec « d'importantes réductions de coûts », pour que l'activité du groupe « puisse se poursuivre », même « sur un marché fragilisé ».
Mais l'annonce d'un nouveau plan social laisse un goût amer au secrétaire général du CSE. « Nous avons déjà eu 600 postes de supprimés en 2012, 300 postes en 2013-2014, plus de 300 postes en 2017. Ça n'a rien donné parce que la stratégie n'était pas là. Une nouvelle fois, cela devait être dans les cartons et ils précipitent les choses avec la crise. C'est un effet d'aubaine. Nous attendons donc que TUI France communique, et je convoquerai ensuite un CSE extraordinaire pour en savoir plus sur le pourquoi du comment, pour savoir comment cela va se décliner en France. Nous ne nous laisserons pas faire. Nous avons des syndicats puissants, donc nous ne nous laisserons pas manger », annonce d'ores et déjà Lazare Razkallah.