Le comité d’entreprise de l'Office du Tourisme et des Congrès de Paris s'interroge publiquement sur la stratégie poursuivie et met en défaut la mairie de Paris.
Alors que le conseil d'administration de l'Office du Tourisme et des Congrès de Paris (OTCP) a adopté le 1er juin dernier le "plan de reconfiguration" prévoyant notamment la fermeture de 3 points d’accueil sur 5 et la suppression de 9 postes d'agents d'accueil sur 21, entraînant 8 licenciements, le comité d'entreprise exprime ses doutes dans une lettre ouverte diffusée hier.
Il s'interroge d'abord sur le manque de moyens accordés à l'OT, au moment où la mairie de Paris a réduit d'un million d'euros le montant de la subvention de fonctionnement allouée à l'OTCP.
"En 2017, l'OTCP a reçu de la mairie une subvention de 5,2 millions d'euros, à peu près l'équivalent de ce qui a été versé à la ville de Lyon en 2015", fait observer le CE, qui établit un comparatif : "les mairies de New York et de Vienne auront versé en 2015 à leurs offices du tourisme respectifs le double et le triple de ce qui a été versé à Paris".
Le comité d'entreprise regrette d'ailleurs que la mairie de Paris ne redistribue pas à l'OTCP une part plus élevée des taxes de séjour récoltés, qui ont représenté un total de 69 millions d'euros l'an dernier.
"La mairie a justifié la hausse du barème de la taxe de séjour par le fait que les autres villes touristiques avaient des barèmes plus élevés que le sien, ce qui était vrai, mais la mairie a cependant fait le choix de ne pas s'aligner sur ces mêmes grandes villes touristiques pour redistribuer ces revenus à l'OTCP", critique le CE.
Une stratégie trop digitale
Le CE s'inquiète aussi de la stratégie marketing, qui entend faire la part belle au digital. "Une ville "mieux accueillante", telle que la maire la souhaite, est-elle celle qui ne mettra en place que des applications numériques, aura un site Internet performant ou sera bien connectée, ou bien cette ville est-elle celle qui parviendra aussi à dé-saturer les attractions touristiques incontournables du centre-ville, à anticiper la recomposition hôtelière du futur, à humaniser l'expérience de la ville au travers d'un accueil attentif et efficace, pas uniquement commercial ?", interroge le CE.
Et le Comité d'entreprise de relever ce qu'il considère comme des "incohérences", à commencer par la fermeture de la ligne téléphonique de renseignements aux touristes et les licenciements d'agents d'accueil. "Aujourd'hui encore, malgré la digitalisation croissante de l'information et sa disponibilité, un tiers des visiteurs des bureaux de l'OTCP viennent uniquement pour obtenir des informations, sans acheter de produits commerciaux", martèle le CE.
Le CE plaide enfin pour une mutualisation des ressources avec les autres organismes de promotion du tourisme, en particulier avec la région Ile-de-France. "Quel pouvoir a l'OTCP aujourd’hui pour empêcher le CRT Ile-de-France de créer un autre site Internet de promotion de la destination Paris, doublon de Parisinfo.com ou une application mobile concurrente de celle de l'OTCP ? Aucun. Ces doublons réinventent la guerre des chapelles et découragent les équipes des deux bords", affirme le CE, qui demande enfin une visibilité budgétaire qui permettra à l'OTCP de travailler les marchés sur le long terme.
Didier Forray