L’activité touristique est à l’arrêt depuis que Pékin a recommandé à ses ressortissants de reporter leurs voyages à l'étranger en raison de l'épidémie de pneumonie virale.
Le flux de touristes chinois commence à se tarir à Paris depuis que Pékin a recommandé mardi à ses ressortissants de reporter leurs voyages à l'étranger en raison de l'épidémie de pneumonie virale. "Il est recommandé aux résidents" de Chine continentale "de reporter la date prévue de leurs voyages sans nécessité particulière", a indiqué dans un communiqué l'Administration nationale de l'immigration. La veille, Pékin avait également suspendu les voyages organisés en Chine et à l'étranger. Pour les professionnels spécialisés dans l'accueil de cette clientèle, l'impact a été immédiat.
"Notre activité s'est subitement arrêtée, il y aura un manque à gagner énorme, alors que ce sont les vacances les plus longues pour les Chinois qui ont quinze jours pour voyager. D'ordinaire nous les accueillons particulièrement bien à cette période, qui est la basse saison en Europe", a expliqué à l'AFP Pierre Shi, président de l'Association chinoise des agences de voyages en France (Acav).
Les 50 agences regroupées au sein de l'Acav, qui font venir 150 000 touristes chinois par an en France et ailleurs en Europe, espèrent pouvoir "mettre leur personnel au chômage technique, car les voyages prévus au premier trimestre sont annulés. Nous avons déjà perdu un tiers de chiffre d'affaires", estime-t-il.
Quel impact sur le tourisme hexagonal ?
Et 2019 n’avait déjà pas été un grand cru. Lors du Nouvel An chinois 2019, "le nombre de détaxes des touristes chinois en France avait diminué de 5% par rapport à 2018, notamment à cause du mouvement des gilets jaunes", selon la société Planet. Sur cette base et dans "le pire des scénarios pour 2020, les pertes pourraient être estimées à 10% des achats détaxés en France, soit 22 millions d'euros", calcule-t-elle.
"Forcément cela va créer un manque d'arrivées de touristes chinois", même si "février n'est pas un énorme mois", renchérit Christophe Decloux, directeur général du CRT, rappelant qu'en 2003, lors de l'épidémie de Sras en Asie, "on a eu une baisse d'arrivées -pour l'ensemble des marchés asiatiques et pas seulement le marché chinois- de 1,7 million de touristes, ce qui représentait une perte d'environ 200 millions d'euros de chiffre d'affaires".
Avec plus de 2 millions de visiteurs par an, les Chinois représentent une clientèle de poids en France, et surtout la plus dépensière : ils génèrent 7% de la recette touristique, soit 4 milliards d'euros, alors qu'ils ne représentent que 2,5% de la fréquentation touristique.
Le nombre de Chinois accueillis dans l'Hexagone a bondi ces dix dernières années, passant de 715 000 en 2009 à quelque 2,2 millions en 2018, selon Atout France.
Paris et l'Ile-de-France restent la destination européenne la plus visitée par les Chinois. De janvier à novembre 2019 cependant, la fréquentation a baissé de 8% sur un an, avec 892 000 arrivées hôtelières enregistrées, selon l'Institut français des statistiques (Insee).
25% des visiteurs chinois voyagent en groupes et 75% sont des individuels ou des petits groupes. Ils séjournent en moyenne 5,2 nuitées.