Secret Planet a pris une décision radicale pour diminuer ses émissions carbone : le voyagiste spécialisé dans les voyages nature et aventure s’engage à stopper tout séjour une fois son quota annuel de CO2 dépassé. Explications.
Dans la lignée des accords de Paris, Secret Planet vise la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour ce faire, ce voyagiste né à Lyon et qui a fait du voyage d’aventure et nature sa spécialité - avec des expéditions polaires et de l’alpinisme à très haute altitude - s’engage à réduire son empreinte carbone de 5 % par an.
Premier cap fixé : ne pas émettre plus de 2 160 tonnes de carbone en 2030, soit une réduction de 37 % par rapport à 2019. Pour y arriver la méthode est pour le moins radicale : à partir de 2022 (et son seuil de 3 260 t.) dès que l’empreinte carbone annuelle sera atteinte, le voyagiste cessera de prendre toute réservation. Quitte à les repousser l’année suivante. Du jamais vu dans le monde du tourisme.
Secret Planet s’engage à rendre compte de son bilan carbone, ayant retenu le calculateur de la fondation GoodPlanet qui lui-même s’appuie sur une méthodologie développée par l’ADEME, Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie.
Le rôle clef des voyageurs
Derrière cet engagement pas de crédit carbone, ni de plantation d’arbres. « La notion de compensation est au mieux un leurre, au pire un mensonge », estime Eric Bonnem, fondateur et dirigeant de Secret Planet. L’idée est donc de privilégier les vols directs et des alternatives de transport international. De même que les écolo-lodges et l’immersion chez l’habitant une fois sur place.
Les voyageurs joueront un rôle essentiel, notamment par leur fidélité. Car la durée des séjours s’en trouvera allongée, de même que leur coût (le panier moyen est déjà de 5 000€). C’est toute une réflexion sur le tourisme qui sous-tend : « Secret Planet est convaincu que ses voyages offrent des bénéfices supérieurs aux nuisances qu'ils génèrent », notamment en ce qu’ils créent des revenus et contribuent à l'amélioration des conditions de vie pour les populations locales.
Une démarche mûrie
« Nous ne pouvons attendre une rupture technologique concrète dans l’aérien avant 10 ou 20 ans, si elle arrive », poursuit Eric Bonnem. De 2015 à 2019, le propre bilan carbone de Secret Planet était passé de 1 810 à 3 430 tonnes, dont plus de 85 % liés aux vols internationaux. Car dans le même temps cette société fondée en 2011 - qui regroupe les agences de voyages Tamera, Saïga et Expeditions Unlimited - affichait une croissance annuelle d’environ 25 % de son activité, atteignant un chiffres d’affaires de 5M€ en 2019.
Alors que son activité repart à la hausse après la pandémie, l’équipe renonce donc à ce qu’elle désigne comme un « modèle de croissance mortifère ».
Une démarche dûment mûrie. Après la rédaction d’une charte de développement durable, Secret Planet communique depuis 2018 l’empreinte carbone de chacun de ses voyages. Par exemple la traversée du Népal (15 000 km à pied tout de même) représente 3.79 tonnes de CO2 par personne.
« En nous engageant dans une réduction massive de nos émissions carbone tout en assumant notre responsabilité économique et sociale, en France et dans le monde, nous nous engageons dans une véritable expédition… Nous nous devions de redonner du sens à ce que nous faisions », conclut Eric Bonnem.