Une reprise de la fréquentation qui se poursuit avec une hausse de 3% du taux d’occupation ainsi qu’une croissance des prix moyens allant de 7 à 9% selon le positionnement par rapport à 2022
Un chiffre d’affaires hébergement supérieur à 2022 sur l’ensemble des segments de l’hôtellerie, des hausses de 9 à 12%, avec des extrémités de gamme qui tirent leur épingle du jeu : l’hôtellerie « Super-économique » a su faire progresser son prix moyen et le segment « Haut de Gamme et Luxe » a augmenté significativement son Taux d’Occupation.
Toutes les grandes métropoles françaises bénéficient de voyants au vert avec des croissances à 2 chiffres de leur chiffre d’affaires hébergement, avec une hausse un peu moins marquée néanmoins dans la capitale.
Un impact réel des grands évènements sportifs : la Coupe du monde de rugby sur le territoire a créé une croissance timide sur le marché parisien mais une hausse marquante du chiffre d’affaires dans les villes ayant accueilli des matchs. Les JO devraient quant à eux avoir un impact significatif pour la filière en 2024.
Organisée par In Extenso Tourisme, Culture et Hôtellerie, la conférence annuelle Les Tendances de l’Hôtellerie réunit chaque année les principaux acteurs du secteur : investisseurs, développeurs, banques, opérateurs ou encore acteurs publics, pour tirer les grands enseignements de l’année écoulée et échanger sur les tendances et perspectives du secteur.
L’édition 2024 a réuni plus de 600 participants au Palais Brongniart et s’est déroulée en plusieurs temps :
Béatrice Guedj, Head of Research and innovation chez Swiss Life Asset Managers France, a présenté l’environnement économique dans lequel le secteur se place : « Le rebond du secteur et sa consolidation explique l’appétit renforcé des investisseurs pour la classe d’actifs : l’Europe devient la terre de prédilection des grands investisseurs institutionnels et fonds souverains, leur objectif étant de construire un portefeuille diversifié pour engranger de la performance avec éventuellement différents profils de risque.»
Ensuite, après la présentation des grandes tendances du secteur par Olivier Petit, Associé chez In Extenso Tourisme, Culture & Hôtellerie, Samantha Mardkhah, Regional Manager Northern & Western Europe chez STR (CoStar), a remis en perspectives les bilans français et européens par rapport aux données mondiales. Elle a insisté sur la résilience de la demande, le retour de la demande Corporate qui devrait augmenter les taux d’occupations, et sur l’impact à venir des JO sur les prix moyens, le tout dans un climat de confiance de la part des investisseurs.
L’évènement s’est poursuivi par un échange entre Jean-Jacques Morin, Group Deputy CEO et Premium, Midscale & Economy Division CEO chez Accor, et Joanne Dreyfus, Associée Transportation, Hospitality and Services chez Deloitte. Répondant à six facteurs de changements identifiés par Deloitte, Jean-Jacques Morin a décliné ses constats chez Accor : la montée en puissance des hôtels dits « Lifestyle » où la restauration peut représenter 50% du Chiffre d’Affaires, les possibilités de l’IA dans l’expérience utilisateur, les fondamentaux différenciants du secteur ainsi que son optimisme sur l’avenir proche de la filière.
Enfin, après ces différentes interventions, place a été faite à une table-ronde intitulée "A vos marques ?", animée par Olivier Petit, qui a réuni Jérôme Bosc, Co-fondateur d’Alboran Hotels & Hospitality, Pierre-Antoine Erny, Investment Manager chez Archer Hotel Capital, Alexandra Goguet, Senior Director Development France & Benelux chez Marriott International, et Raphaël Smadja, Head of French Real Estate chez Cheyne Capital. L’accent a alors été mis sur le regard des investisseurs sur les tendances du secteur,leur vision du rôle des marques dans l’hôtellerie, ainsi que le partage de leurs expériences. Ils ont également échangé sur leur analyse du contexte économique et financier ainsi que sur les perspectives2024.
Une reprise de la fréquentation qui se poursuit en 2023
L’année 2023 a été celle de la poursuite de la reprise : le chiffre d’affaires hébergement a augmenté en moyenne de 10% par rapport à 2022. Les résultats 2023 ont été portés par la poursuite des trajectoires de croissance enclenchées en 2022.
Cette augmentation du chiffre d’affaires s’explique en partie par une augmentation du prix moyen d’environ 7%.
Une tendance à la hausse de CA particulièrement élevée dans toutes les métropoles régionales, avec une croissance à deux chiffres presque partout.
« L’année passée marque la poursuite de la reprise de la croissance pour notre secteur. On peut rester optimiste en 2024 pour au moins trois raisons. D’abord, 2023 s’est terminé pour l’hôtellerie par une augmentation du chiffre d’affaires de 10%. Ensuite, les prévisions conjoncturelles nous poussent à croire en un environnement favorable en 2024, notamment par l’impact des JO. Enfin, les investisseurs envoient des signaux favorables pour l’ensemble du secteur. Réjouissons-nous : l’hôtellerie française se porte bien ! » commente Olivier Petit.
Une croissance à deux chiffres qui masque des disparités
La reprise de l’activité diffère tout de même sur le plan géographique, ainsi que selon les types d’offre proposés.
Les destinations internationales et de loisirs ont de nouveau été privilégiés par les voyageurs, et la poursuite de cette tendance a été particulièrement marquée à Paris et sur la Côte d’Azur.
Les résultats diffèrent également selon les segments de l’offre. Ce sont le Haut de Gamme et le Luxe qui affichent l’augmentation du taux d’occupation le plus élevé, ainsi que la meilleure croissance du chiffre d’affaires à hauteur de 12%. A l’inverse, c’est sur le segment du Super-Economique que le prix moyen a le plus augmenté, à hauteur de 9% par rapport à 2022.
Une croissance des prix moyens contrainte par des facteurs exogènes
La croissance des prix moyens en hôtellerie est néanmoins à replacer dans un contexte de forte hausse des charges d’exploitation. Face à l’augmentation de ces charges, liées à une augmentation des coûts de l’énergie, des produits alimentaires et de tensions sur les salaires, l’hôtellerie française a réussi à faire face à l’inflation. Le secteur a augmenté finalement les prix moyens de manière mesurée, absorbant ainsi les charges et maintenant les emplois dans le secteur.
Focus sur la Coupe du monde de Rugby
La Coupe du monde de Rugby a été l’occasion de nombreuses opportunités pour le secteur, avec néanmoins des disparités régionales : une croissance timide et un taux d’occupation en baisse à Paris contre des indicateurs en hausse dans le reste des villes ayant accueilli des matchs. Si le taux d’occupation a connu une légère augmentation, les prix moyens ont eux augmenté de +8 à +29%.
Il a été possible de constater une envolée des prix moyens la veille et les jours de match, avec un pic à +50% de prix moyen le soir de la finale. L’impact positif de la coupe du monde de rugby a été particulièrement visible à Aix-Marseille (+34%), à Lille (+32%), et à Lyon (29%).
Perspectives 2024 : une année portée par les JO ?
Poursuivant sa lancée 2023, l’année 2024 devrait voir une croissance du secteur, notamment porté par les Jeux Olympiques à l’été. En effet, les réservations sont au rendez-vous : à moins de 8 mois des JO, les hôteliers parisiens ont enregistré de nombreuses réservations, entre 40 à 50 pts de plus qu’au 1er janvier 2023 selon notre partenaire STR.
A quoi s’attendre ? La comparaison avec les destinations ayant précédemment accueilli les JO est éclairante : la croissance de RevPAR est moins marquée sur un marché mature comme Londres (environ +40% sur la période des jeux en 2012 vs 2011) que sur des marchés en développement qui ont vu des augmentations spectaculaires (+260% à Rio et + 180% à Pékin en Rev PAR).
Au-delà des JO, les projections à date effectuées par In Extenso Tourisme Culture et Hôtellerie sont de l’ordre d’une augmentation du chiffre d’affaires hébergement (RevPar) de +5% à Paris, +3,5% en Côte d’Azur, et +3,7% en Régions pour 2024 par rapport à 2023.