Le gouvernement a dévoilé aujourd'hui son plan de soutien à la filière aéronautique, lourdement impactée par la crise du coronavirus.
« Nous décrétons l’état d’urgence pour sauver notre industrie aéronautique pour lui permettre d’être plus compétitive » et « plus décarbonée » en produisant « l’avion vert » de demain. C’est ce qu'a affirmé Bruno Le Maire, lors d'une conférence de presse organisé le 9 juin à Bercy (Paris 12e). « Un effort total de 15 milliards d’euros de la nation » sera ainsi consacré à cette filière ravagée par la crise du Covid-19.
Quelque 1,5 milliard d’euros de financement public seront consacrés dans les trois prochaines années à la recherche-développement (R&D) dans le but de « parvenir à un avion neutre en carbone en 2035 », a annoncé le ministre de l'Economie et des Finances. Alors que près d'un tiers des 35 000 emplois consacrés à la R&D dans la filière aéronautique sont remis en question, l’objectif est de préparer les prochaines générations d’avions commerciaux, d’hélicoptères et d’avions d’affaires. Afin de les doter de moyens de propulsion émettant moins de CO2, les moteurs à hydrogène et à « très haut taux de dilution » sont notamment à l’étude.
« C'est une accélération de 10 ans par rapport aux objectifs initiaux de la filière. Cela nous permettra de fixer les nouveaux standards mondiaux de l'avion bas carbone », a estimé la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne.
Afin d’« accélérer la transformation des PME et des entreprises de taille intermédiaire », l'Etat et les industriels de l'aéronautique se sont aussi accordés pour créer un fonds d'investissement doté de 500 millions d'euros dès cet été, et à terme d'un milliard d'euros.
L'aéronautique représente 300 000 emplois directs et indirects en France
L’Etat, à travers la banque publique d'investissements Bpifrance, « apportera 200 millions d'euros, les industriels (Airbus, Safran, Dassault Aviation et Thales, NDLR) 200 millions d'euros également, 100 millions au moins seront fournis par le gestionnaire de fonds qui sera choisi par appel d’offre », a indiqué Bruno Le Maire. Ces 500 millions d'euros « permettront de lever un milliard à terme », a-t-il précisé.
Enfin, un autre fonds d'accompagnement pour la modernisation de l'outil de production et notamment la numérisation et la robotisation des PME et des ETI, doté de 300 millions d'euros de dépenses publiques directes sur trois ans, a été créé, a également annoncé Bruno Le Maire.
Le secteur aéronautique représente 300 000 emplois directs et indirects en France. « Si nous n'étions pas intervenus tout de suite, c'est un tiers des emplois de la filière qui auraient disparu », a affirmé le ministre de l'Économie, appelant les industriels à tout « faire pour éviter les départs contraints ».
Pour rappel, la compagnie Air France a bénéficié de sept milliards d'euros d'aide de l'Etat sous forme de prêts directs ou de prêts bancaires garantis par la puissance publique, une somme comprise dans les 15 milliards du plan. Cela doit notamment lui permettre de concrétiser la commande de 60 Airbus A220 et 38 gros-porteurs A350 qu'elle avait prévue.