Après une semaine d'incroyables rebondissements, la compagnie française Aigle Azur s'est déclarée ce matin en cessation de paiement. Elle a demandé son placement en redressement judiciaire.
Le feuilleton de l’été continue. Après un putsch de deux actionnaires, finalement contrecarré par l’intervention du tribunal de commerce d’Évry, Aigle Azur va être placée en redressement judiciaire. Cette procédure, une fois validée par la justice, gèle le passif existant (dont les dettes) pendant une période jusqu’à 18 mois afin de laisser le temps à l’entreprise de présenter un plan de continuation de ses activités, dont un réaménagement de son endettement. "La date limite des dépôts d'offres devrait être fixée autour du 15 septembre", ont déclaré cet après-midi les membres du CE par voie de communiqué.
La compagnie (toujours) présidée par Frantz Yvelin a organisé ce matin un comité extraordinaire d’entreprise en vue de cette procédure. L’ordre du jour communiqué aux syndicats était clair : « information-consultation sur l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire ». Les syndicats du personnel SNPNC-FO et l’Unsa, qui se disent « jusque-là maintenus dans l’ignorance totale », ont appelé dans la foulée à un rassemblement aujourd’hui devant le siège de l’entreprise à Paray-Vieille Poste (91), à proximité de l’aéroport de Paris-Orly. Une soixantaine de salariés était présent ce matin, selon l'AFP.
Ils « se mobilise[nt] (…) face à la direction de la compagnie qui envisage le redressement judiciaire de la société », explique le SNPNC-FO dans un communiqué. Les syndicats craignent en effet les conséquences de cette procédure qui « impliquera nécessairement une restructuration drastique », assure de son côté l’Unsa. Aigle Azur emploie aujourd’hui 1 150 personnes — 800 en France et 350 en Algérie.
Gérard Houa prêt à investir 15 M€... si Frantz Yvelin démissionne
La semaine dernière, Gérard Houa, l’un des actionnaires de la compagnie, a tenté d’évincer Frantz Yvelin de son poste de président d’Aigle Azur. Mais deux jours plus tard, la compagnie annonçait l’arrivée d’une administratrice provisoire, Hélène Bourbouloux, et le retour de Frantz Yvelin avec le concours des forces de l’ordre.
Gérard Houa ne compte pas lâcher l’affaire pour autant, assurant vouloir mettre fin aux « errements stratégiques des deux dernières années ». D'après Martin Surzur, président du syndicat de pilotes SNPL d'Aigle Azur, la compagnie a en effet perdu « 40 millions d'euros » en deux ans. Gérard Houa propose donc d’injecter 15 millions d’euros dans la compagnie à condition de mettre en place « un nouveau management ».
Sans Frantz Yvelin. Gérard Houa assure être soutenu par les salariés, HNA et David Neeleman… qui, eux, disent le contraire. Et que veut faire Frantz Yvelin, toujours président d'Aigle Azur à date ? À sa volonté de vendre les précieux créneaux horaires (slots) d’Aigle Azur à Vueling, les syndicats répondent « non »... La bataille est donc loin d’être terminée.