Depuis l’annonce de sa nomination à la tête du groupe aérien français, Benjamin Smith est l’objet de vives critiques, notamment des syndicats d’Air France-KLM. La profession y voit de son côté une bonne nouvelle. Tour d'horizon.
Sa nomination a été décidée au lendemain du 15 août, après trois mois passés sans directeur général exécutif. Benjamin Smith, numéro 2 d’Air Canada, prendra officiellement la direction d’Air France-KLM "au plus tard le 30 septembre" prochain. Depuis, les critiques pleuvent de la part des syndicats, notamment sur Twitter.
La semaine dernière, Force Ouvrière Air France critiquait sur le réseau social l’augmentation de salaire annoncée du nouveau directeur général : 900 000€ de rémunération fixe, contre 600 000€ précédemment, avec une rémunération variable annuelle représentant au maximum 150% de la part fixe.
Pour fêter les 85 ans d’Air France le CA AFKLM (selon la presse) s’apprête a nommer à sa tête un Nord Américain avec une augmentation de 300%, bien qu’il n’ai encore rien démontré!Tout ceci se passe bien évidemment pendant le pont du 15 aout. Le CCE du 30 aout est délocalisé!
— FO Air France (@FO_AF) 14 août 2018
La nationalité canadienne de Benjamin Smith, né à Hong Kong, fait aussi débat. Philippe Evain, le président du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), a ainsi qualifié cette nomination de "grave erreur", critiquant le comité d’administration du groupe, qui "joue la politique du pire" en livrant "les clés d’Air France aux Américains" (Delta Airlines est le troisième actionnaire du groupe Air France-KLM).
"Ne pas être Français sera un atout pour lui"
Du côté des patrons français du tourisme, cette annonce serait, à l'inverse, une bonne nouvelle si l'on en croit les différentes réactions de soutien publiées. Pour Jean-François Rial, "Ne pas être français sera un atout pour lui, il ne subira pas les mauvaises influences de l’Etat actionnaire", en matière de stratégie notamment. Le PDG de Voyageurs du Monde s'est d'ailleurs fendu d'un tweet, le 19 août dernier, pour défendre le nouvel arrivant. Un message "liké" par plus de 150 internautes.
#AirFrance.Il est URGENT de laisser travailler Benjamin Smith à la tete de @AirFranceFR pour sauver cette fantastique marque.N’etre ni francais ni haut fonctionnaire ne le disqualifie en rien,procès stalinien inacceptables. Et il connait l’aérien! Par principe à fonds avec lui!
— Jean-François Rial (@jfrial) 19 août 2018
Par la suite, d'autres patrons du secteur ont exprimé leur soutien à Benjamin Smith sur Twitter, comme Patrice Caradec (Alpitour France), assurant être "certain que toute l'industrie du tourisme [le] soutient", et Alain Capestan (Comptoir des Voyages), qui a déclaré : "Ce monsieur possède à l’évidence les compétences et l’expérience requise. Laissons-le travailler et halte aux procès d’intention !"
Sur le réseau professionnel LinkedIn cette fois, Michel-Édouard Leclerc a aussi pris la parole sur "le feuilleton Air France". Il s'étonne des critiques, par exemple qu'un "tel député annonce déjà la création d'une commission d'enquête parlementaire. D'autres s'indignent de la rémunération d'un nouveau dirigeant alors qu'on les a vus récemment se pousser du col pour féliciter Pogba et autres M'Bappé, hyper-payés pour jouer au foot".
Et d'ajouter, plus positif : "Je souhaite sincèrement aux salariés d’Air France, à laquelle E.Leclerc Voyages et moi-même sommes restés fidèles, de trouver enfin les conditions de la reprise."
Ce n'est pas gagné pour Benjamin Smith, qui devra s'attaquer dès son arrivée au problème des augmentations de salaires, à l'origine de la grève discontinue de février à juin derniers. Faute de quoi le SNPL menace d'ores et déjà de refaire grève pour 15 jours à la rentrée.