Ces suppressions de postes ont été avancées mercredi par Les Échos. Le ministre de l'Économie souhaite minimiser la perte d’emplois au sein du groupe Air France.
8 000 à 10 000. Selon les informations des Échos publiées aujourd’hui, ce serait le nombre de suppressions d’emplois envisagé par le groupe Air France afin de survivre à la crise liée au coronavirus. Cela représenterait entre 15 et 20% des effectifs salariés du groupe aérien (plus de 55 000 salariés). A elle seule, la compagnie tricolore emploie près de 49 000 personnes.
Dans la matinée, l'AFP a appris que la direction d'Air France présentera aux organisations syndicales les orientations stratégiques de la compagnie et ses conséquences sur l'emploi lors d'un Comité social et économique central extraordinaire le 3 juillet prochain.
Interrogé à ce sujet plus tôt dans la matinée sur France Inter, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire n’a pas confirmé ni infirmé ce nombre mais a déclaré : « Je souhaite que ce soit moins de 8 000 postes, bien entendu. » Et de préciser : « Il y aura des ajustements nécessaires, mais je souhaite et je demande à Air France qu'il n'y ait pas de départs forcés. Je crois que c’est ça, la ligne rouge importante, qu'il n'y ait pas de départs contraints. »
7 milliards d'euros d'aides publiques pour Air France
Après de nombreuses compagnies aériennes, comme Lufthansa, Air France devrait donc annoncer prochainement la suppression, sur la base du volontariat, de plusieurs milliers de postes, pour faire face à l'impact de la crise liée au coronavirus sur son activité, ont affirmé mercredi à l'AFP plusieurs sources syndicales.
Malgré ces postes menacés, Bruno Le Maire a défendu le soutien de 7 milliards d'euros accordé à la compagnie par l'Etat, sans condition formelle sur l’emploi. « Quand le trafic aérien s'écroule, dire "je mets de l'argent mais on va absolument garder chaque emploi", à quoi ça conduit ? Ça peut conduire à des risques de faillites et c'était ça qui menaçait Air France », a-t-il justifié.
L'Etat français a accordé à Air France un soutien financier de 7 milliards d’euros, dont 4 milliards de prêts bancaires garantis à 90% par l'Etat et 3 milliards de prêt direct. En retour, il a demandé à la compagnie d'améliorer sa rentabilité et son impact environnemental, et d'entamer une réflexion sur son réseau en France.
Les syndicats veulent "discuter" de l'avenir d'Air France
C’est concernant ces contreparties qu’une intersyndicale d’Air France réclame « l’ouverture de discussions ». FO, la CGT, le SNPNC, la CFTC, le SNGAF, Alter et Sud Aérien demandent aussi que « cessent » les négociations « entamées avec les seules organisations syndicales de pilotes » sur le réseau domestique, selon un communiqué diffusé mardi.
Air France-KLM a en effet annoncé fin mai vouloir réduire de 40% son offre sur les vols nationaux français d'ici à 2021, avec la fermeture de plusieurs destinations, suscitant l'inquiétude des syndicats. Selon le gouvernement français, Air France doit réduire de 50% les émissions de CO2 sur ses vols domestiques d'ici 2024 et engager une réflexion sur son réseau en France, quand des alternatives ferroviaires de moins de 2 heures 30 existent.
L'intersyndicale craint que « les seuls paramètres pris en compte soient financiers, sans tenir compte de la réalité du travail et sans aucune innovation ». « Les aides publiques allouées à Air France ne doivent pas servir de prétexte opportuniste à des suppressions d'emplois, tant chez le personnel sol, les hôtesses et stewards que les pilotes, à travers, entre autres, un transfert d’activité socialement moins-disant d'Air France vers Transavia », estiment ces organisations.