Le nouveau PDG a pris ce matin les commandes d'Air France-KLM. Mais pas le temps de se poser : le nouveau patron va devoir mener plusieurs chantiers de front.
1/ La question des salaires
A peine arrivé, Benjamin Smith va devoir faire face aux revendications des syndicats qui réclament depuis des mois une hausse générale des salaires de 5,1%. Une question qui a déjà fait chuter les deux précédents patrons du groupe !
La semaine dernière, l'intersyndicale a annoncé son intention d'écarter tout nouveau préavis de grève en attendant la prise de fonction du nouveau patron. Les choses vont désormais devoir avancer vite. Et Benjamin Smith connaît d'ores et déjà les arguments qu'on devrait lui opposer, alors que le triplement de sa rémunération, à 900 000 euros, et le montant de son parachute doré ont été révélés.
Pour tenter de déminer le terrain, le nouveau PDG vient d'annoncer dans une vidéo diffusée en interne qu'il comptait investir la moitié de sa rémunération fixe, soit 450 000 euros par an, dans le capital du groupe. "C'est une manière d'afficher ma confiance dans notre futur succès", y affirme-t-il, selon une dépêche diffusée par l'AFP.
2/ La restructuration de HOP! Air France
Autre chantier urgent : la restructuration de la filiale régionale HOP! Air France. Lors du comité d'entreprise du 12 septembre dernier, la direction de la compagnie a annoncé la suppression de 120 postes administratifs. Un total de 126 postes en escale ont également été supprimés à Lyon et Nantes. La compagnie a également besoin d'une modernisation de sa flotte.
3/ La création d'une filiale low-cost long-courrier
Après la création de Transavia et de Joon, Air France doit aussi réagir en matière de low-cost long-courrier. Ses rivales européennes Lufthansa et British Airways se sont lancées depuis longtemps et le projet d'une vraie low-cost long-courrier patine chez Air France. Benjamin Smith va devoir faire décoller le dossier au plus vite. Il pourra compter sur son expérience, lui qui a lancé, fin 2012, la filiale low-cost moyen-courrier et long-courrier d'Air Canada, Air Canada Rouge.
4/ L'avenir de la présence de l'Etat à bord
L'Etat va-t-il céder les 14% du capital qu'il détient dans la compagnie nationale ? C'était le feuilleton dans le feuilleton cet été alors que la recherche d'un successeur à Jean-Marc Janaillac, le PDG d'Air France-KLM démissionnaire, battait son plein.
Benjamin Smith devra en finir avec ce suspense qui plane au-dessus de la compagnie. "L'urgence du moment, c'est un projet stratégique", a répondu ce matin sur BFMTV la ministre des transports Elisabeth Borne à une question sur un éventuel désengagement de l'Etat.
5/ La relance de la compétitivité
Après le lancement en mars des Assises du transport aérien par la ministre des transports, les solutions concrètes ne sont pas encore en vue, à l'exception d'une baisse de la taxe d'aéroport par passager depuis le 1er avril. En attendant, les acteurs français du transport aérien, Air France en tête, doivent composer avec des charges sociales et une pression fiscale beaucoup moins favorables que les concurrents européens.