Les autorités américaines n'ont pas validé les modifications proposées par Boeing sur le système MCAS de son B737 MAX. Le casse-tête financier se complique pour les compagnies dotées de cet appareil.
Boeing doit revoir sa copie ! L'agence fédérale américaine de l'aviation (FAA) n'a pas validé le correctif du système anti-décrochage MCAS présenté par le constructeur. Le 27 mars dernier, Boeing avait soumis une mise à jour de ce nouveau système conçu pour compenser les problèmes aérodynamiques du B737 MAX. Une technologie qui apparaît comme le principal responsable des crashs de deux B737 MAX, un appareil d'Ethiopian Airlines le 10 mars et un avion de Lion Air le 29 octobre.
Mais pour la FAA, la solution de Boeing n'est pas suffisante : "Il faut du temps pour que Boeing effectue des travaux complémentaires et pour s'assurer que Boeing a identifié et correctement répondu aux problématiques", avance l'autorité. "La FAA n'autorisera pas le déploiement du logiciel tant que l'agence n'est pas satisfaite de ce qui lui est présenté." L'agence américaine avance à pas de velours, alors que son patron a été auditionné par le Congrès le 27 mars et que les accusations fusent à propos de collusion avec Boeing. Un audit du ministère américain des transports sur les procédures de certification de la FAA a d'ailleurs été lancé ainsi qu'une enquête du ministère américain de la justice à propos du développement du programme 737 MAX.
Des milliers de vols annulés et des millions de dollars de pertes
La FAA ajoute qu'elle s'attend à recevoir le correctif final de Boeing dans les "prochaines semaines". La sortie du nouveau logiciel et le délai d'approbation pourrait alors prendre un total de 4 à 6 semaines… Boeing devra aussi présenter sa modification aux différentes autorités de l'aviation civile dans le monde, dont l'Agence européenne de la sécurité aérienne. Puis il faudra déployer le correctif sur chaque appareil. De quoi rallonger encore le délai de reprise des vols. Une très mauvaise nouvelle pour les compagnies aériennes qui exploitent le B737 MAX. Depuis l'accident d'Ethiopian Airlines, l'avion est effectivement cloué au sol par l'ensemble des autorités de l'aviation civile à travers le monde.
Résultat : les compagnies aériennes qui exploitent ce modèle ont été contraintes d'annuler nombre de vols. C'est le cas de Southwest : la low-cost américaine affirme avoir supprimé 2 800 vols jusqu'au 31 mars en raison de l'arrêt de ses 34 B737 MAX. Norwegian, la compagnie européenne qui compte le plus de B737 MAX dans sa flotte avec 18 appareils, a quant à elle suspendu les ventes pour tous ses vols opérés en B737-MAX. Air Canada a, de son côté, pris les devants en retirant les B737 MAX de son programme jusqu'au 1er juillet.
Des annulations en cascade qui ont un impact important sur le plan financier. Southwest parle de 150 millions de dollars de pertes pour le premier trimestre, en grande partie à cause du B737 MAX, tandis que le TO allemand TUI affirme que l'immobilisation de sa flotte de 15 B737 MAX va lui coûter 200 millions d'euros sur son résultat. Une annonce qui a vu le titre TUI s'effondrer de 10% à la bourse de Francfort. Le 13 mars, Norwegian avait même dégainé la première en assurant qu'elle allait envoyer la facture à Boeing. Alors que la date de retour du B737 MAX reste encore incertaine, les compagnies aériennes voient rouge !