Alors que le responsable de l'agence fédérale de l'aviation américaine va être auditionné aujourd'hui par le Congrès, un B737 MAX de la compagnie Southwest a fait un atterrissage d'urgence hier…
La coïncidence arrive au pire moment pour Boeing… Tandis que tous les B737 MAX sont immobilisés par l'ensemble des directions de l'aviation civile à travers le monde, un B737 MAX de la compagnie américaine Southwest Airlines a été contraint de se reposer en urgence hier en raison d'une surchauffe d'un moteur peu après le décollage de l'aéroport d'Orlando, en Floride. L'appareil n'emportait pas de passagers et effectuait simplement un transfert vers Victorville, en Californie, un convoyage autorisé par l'agence fédérale américaine de l'aviation (FAA).
L'agence fédérale américaine de l'aviation décrédibilisée
Un incident dont se serait bien passé aussi la FAA au moment où son responsable va être auditionné par le Sénat américain aujourd'hui. Daniel Elwell, l'administrateur par intérim de la FAA, devra d'abord expliquer aux parlementaires pourquoi l'agence américaine a figuré parmi les toutes dernières autorités au monde à imposer l'interdiction de vol. Deux jours après le crash de l'appareil d'Ethiopian Airlines, alors que plus de 50 pays avait déjà cloué au sol le B737 MAX, la FAA assurait encore que "l'examen du dossier ne montre aucun problème de performance et ne fournit aucune raison pour ordonner l'immobilisation de cet avion". Et c'est finalement le président Trump qui a pris la décision d'interdiction de vol le 13 mars, décrédibilisant la FAA qui a tenté de sauver les meubles en motivant l'interdiction par de nouveaux éléments sortis du chapeau…
Les sénateurs veulent surtout en savoir plus sur les modalités de la qualification du 737 MAX et les procédures en place au sein de la FAA. Or les révélations se sont accumulées ces derniers jours concernant de probables collusions entre l'agence et Boeing. Lundi, le Washington Post affirmait ainsi que Boeing avait dépensé 15 millions de dollars dans des opérations de lobbying auprès de la FAA et du Congrès. Objectif : faire en sorte que Boeing se charge lui-même des contrôles de ses propres appareils. Et, de fait, Boeing est parvenu à ses fins : selon le Washington Post, le constructeur a bel et bien été chargé d'inspecter et d'approuver son nouveau B737 MAX.
5 ans et 297 vols d'essais de certification...
Face aux accusations, Daniel Elwell entend défendre son agence. "Des ingénieurs et des pilotes d'essais ont été impliqués dans l'évaluation opérationnelle du MCAS", doit-il déclarer devant les sénateurs, d'après le propos liminaire qu'il doit tenir aujourd'hui et que l'AFP s'est procuré. Et l'administrateur de la FAA d'expliquer que le processus de certification du nouvel appareil n'a pas été qu'un simple enregistrement mais a nécessité 5 ans. "Le processus a inclus 297 vols d'essais de certification, dont certains pour tester les fonctions du MCAS", avancera-t-il.
Tout en se défendant, Daniel Elwell reconnaîtra toutefois que les méthodes de certifications des appareils doit évoluer et il devrait présenter plusieurs pistes de réformes aux sénateurs.
Après cette audition, la FAA n'en aura d'ailleurs pas fini puisque le ministère américain des transports s'est lui aussi emparé de la question. Le ministère a annoncé lundi la mise en place d'un comité indépendant, composé d'experts, chargé d'auditer les processus de certification de la FAA. L'agence américaine va devoir évoluer.