L'Assemblée nationale a voté aujourd'hui l'intégration à la taxe Chirac de l'écotaxe instaurée par la ministre des transports Elisabeth Borne sur les billets d'avion. Et le ministre de l'économie Bruno Le Maire réclame une taxation européenne sur le kérosène aérien.
Comme cadeau de fin d'année, les compagnies aériennes auront donc droit... à de nouvelles taxes. L'Assemblée nationale a en effet donné son feu vert aujourd'hui à une hausse de la taxe de solidarité sur les billets d'avion, dite "taxe Chirac", en y intégrant l'écotaxe impulsée par la ministre de la Transition écologique et solidaire Elisabeth Borne. Alors qu'elle était depuis 2005 destinée à contribuer au financement des pays en voie de développement, elle va aussi servir à financer des infrastructures de transport.
Concrètement, cette mesure se traduira par une hausse du prix du billet d'avion de 1,50 à 3€ en classe économique et de 9 à 18€ en classe affaires. Elle ne sera cependant pas appliquée aux liaisons entre le continent et la Corse ou les collectivités d'outre-mer.
Une autre taxation pourrait également être mise en place en 2020, cette fois au niveau européen. Mardi, le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire a en effet plaidé pour l'instauration d'une taxation européenne sur le carburant des avions et des bateaux. Le kérosène aérien et le fioul lourd maritime sont effectivement exemptés de toute taxe, contrairement à l'essence utilisé par les automobilistes. "Il est incompréhensible que des objectifs d'émissions carbone aient été fixés pour nos voitures et qu'aucun objectif n'ait été fixé pour les avions ou les bateaux", a martelé Bruno Le Maire, au cours de la présentation du "Pacte productif pour le plein emploi".
La question de la taxation du carburant n'est pas une nouveauté. L'idée a été lancée par les Pays-Bas, lors d'une réunion des ministres des Finances de l'Union européenne le 12 février dernier. Le projet a été soutenu depuis par la Belgique et la France. Bruno Le Maire va toutefois plus loin aujourd'hui : alors que l'initiative néerlandaise ne concernait que le transport aérien, le ministre français propose également de taxer le fioul lourd maritime utilisé par les navires de croisières et les porte-conteneurs.
Pour les compagnies aériennes, c'est la taxe de trop
Face à cette nouvelle proposition, les compagnies aériennes sont vent debout. "Comment pourrait-on ajouter un nouvel impôt sur le transport aérien, qui déjà est asphyxié par les taxes et vient de se voir ajouter une nouvelle taxe écologique ?", déplore le Syndicat des compagnies aériennes autonomes (SCARA). "Il faut savoir que le transport aérien paie déjà l'équivalent d'une taxe kérosène avec les permis d'émission de CO2 (système ETS)."
L'Union nationale des compagnies aériennes françaises (UNCAF) a quant à elle publié un communiqué de presse au ton virulent : "L'UNCAF se désole de voir le gouvernement s'acharner contre les compagnies aériennes en inventant maintenant des taxes déjà existantes !!! Mais où va-t-on ?", tonne l'organisation.
Malgré l'opposition des compagnies aériennes, la taxation écologique du transport semble inéluctable. Le dossier est au cœur de l'agenda de Ursula von der Leyen, la nouvelle présidente de la Commission européenne qui prendra ses fonctions en novembre 2019. Elle s'est fixée un objectif de 100 jours pour concrétiser son "pacte vert", un ensemble d'initiatives qui doivent permettre à l'Europe d'atteindre la neutralité climatique.
Parmi les idées : la réduction des quotas gratuits de carbone octroyés au transport aérien et la création d'une taxe carbone aux frontières qui s'appliquera aux produits importés dans l'Union européenne. La taxe écologique sur le transport aérien et maritime pourrait rapidement entrer en scène.