
Plusieurs députés, dont François Ruffin (La France Insoumise), soutiennent une proposition de loi visant à supprimer plus de 70 liaisons domestiques. Zoom sur les vols qui sont dans le collimateur…
Que proposent les députés ?
Alors que la loi d'orientation des mobilités (LOM) est actuellement étudiée par l'Assemblée nationale, plusieurs députés se sont alliés pour demander la suppression de nombre de vols intérieurs qu'ils jugent inutiles. Objectif : lutter contre la pollution en imposant une réduction des émissions de CO2 dans le transport aérien. "L'avion nuit gravement au climat", lance Delphine Batho, dans une interview accordée hier au Journal du Dimanche. La présidente de Génération écologie et ancienne ministre de l'Écologie a déposé un amendement qui doit être examiné aujourd'hui. Dans le même temps, le député de la France insoumise François Ruffin va présenter une proposition de loi sur le sujet. Le parlementaire souligne que "selon l'éco-calculateur de l'aviation civile, un aller-retour Paris-Marseille en avion émet près de 50 fois plus de CO2 que le même trajet effectué en TGV".
Quelles sont les lignes visées ?
François Ruffin plaide pour la suppression de toutes les lignes aériennes pour lesquelles il existe un trajet en train qui ne met pas plus de 2h30 supplémentaires par rapport à l'avion, prenant ainsi en compte le temps pour les trajets entre le centre-ville et l'aéroport et l'embarquement. Delphine Batho souhaite, quant à elle, interdire tous les vols intérieurs dès lors qu'il existe une alternative ferroviaire en moins de 5 heures. Au total, 72 vols quotidiens pourraient être supprimés, à commencer par les dessertes entre Paris et Agen, Bordeaux, Brest, Clermont-Ferrand, Lorient, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes mais aussi Bâle-Mulhouse et Bruxelles. Les députés pointent par exemple les 16 vols qui relient chaque jour Paris et Bordeaux alors que 29 trains sont programmés avec un temps de trajet minimum de 2h04. Les vols Lyon-Nice, Lyon-Rennes, Marseille-Toulouse ou Lille-Montpellier sont eux aussi sur la sellette...
Quelles sont les conséquences pour les passagers ?
Si le principe de l'interdiction est adopté, l'arrêt de ces lignes va rendre plus complexe les trajets internationaux pour les passagers de province qui avaient l'habitude de transiter par les hubs parisiens de Roissy et Orly. Un passager qui souhaite effectuer un vol Marseille-New York via Paris ne pourra plus s'enregistrer tout du long depuis Marseille mais il devra d'abord prendre le TGV jusqu'à la gare de Lyon puis se rendre à Roissy par ses propres moyens. Un parcours plus long et bien moins pratique. A moins que le passager ne préfère finalement rejoindre les hubs de Francfort ou Londres…
L'interdiction a-t-elle une chance d'être adoptée ?
La proposition de loi présentée par Francois Ruffin est cosignée par Delphine Batho, le socialiste Dominique Potier et Sébastien Nadot, membre de LREM. À voir si une majorité se dégagera pour soutenir l'initiative. L'idée est en tout cas dans l'air du temps en Europe : en mars dernier, le parlement néerlandais a demandé l'arrêt de la liaison aérienne entre Amsterdam et Bruxelles, une ligne parfaitement substituable en train. Les défenseurs de la proposition de loi mettent d'ailleurs en avant l'article 20 du règlement communautaire 1008/2008 qui affirme que "lorsqu'il existe des problèmes graves en matière d’environnement, l'État membre responsable peut limiter ou refuser l'exercice des droits de trafic, notamment lorsque d'autres modes de transport fournissent un service satisfaisant".