Le « putsch » organisé par deux actionnaires minoritaires a été condamné par le tribunal de commerce, qui a nommé un administrateur provisoire pour éviter la sortie de piste.
Gérard Houa n'aura tenu que 24 heures ! Actionnaire minoritaire d’Aigle Azur, il avait pris hier la présidence de la compagnie par surprise en lieu et place de Frantz Yvelin, et confié la direction générale à Philippe Bohn. Comme nous l’annoncions hier, suite à une action intentée en justice, le tribunal de commerce de Créteil a réfuté la manœuvre.
« Avec le concours des forces de l’ordre, nous avons pu faire exécuter ce jour la décision de justice. Cela met fin à une situation totalement ubuesque et illégale, ayant vu deux personnes physiques prétendre avoir le droit de prendre le contrôle de l’entreprise ; et ce, sans préjudice des suites pénales qui y seront données, l’entreprise ayant déjà porté plainte », précise Aigle Azur dans un communiqué.
Frantz Yvelin redevient président de la compagnie. Pour autant, il n'en reprend pas entièrement les commandes. À sa demande, celui-ci estimant ne pas pouvoir assurer sereinement ses fonctions dans un cadre normal et apaisé, « la présidente du tribunal de commerce a désigné par ordonnance un administrateur provisoire pour la compagnie. Ainsi, la SELARL FHB représentée par Maître Hélène Bourbouloux a été nommée Administrateur provisoire d’Aigle Azur, hier, mardi 27 août 2019 », poursuit le communiqué.
Vente des slots d'Orly à Vueling
Ce nouveau rebondissement risque d’accentuer un peu plus la fracture entre les salariés, dont une partie soutiendrait le plan de vente à la découpe envisagé par Frantz Yvelin. Ce dernier souhaite notamment céder les activités vers le Portugal à Vueling. La low cost du groupe IAG (British Airways, Iberia) récupèrerait ainsi 4 000 slots sur les 10 000 détenus par Aigle Azur à l’aéroport d’Orly, un véritable trésor alors que le développement de la plateforme du sud parisien est limité. Cette cession (on parle de 20 M€) permettrait de récupérer des liquidités pour assurer la gestion au quotidien et régler une partie des créanciers.
Mais une autre frange soutiendrait officieusement Gérard Houa. Ce dernier assure qu’Aigle Azur a perdu plus de 50 M€ entre novembre 2017 et juin 2019, notamment du fait d’une diversification hasardeuse. Il affirme avoir déjà réuni 15 M€ pour relancer la compagnie, estimant que « toutes les solutions explorées jusqu’à présent ont consisté à brader les actifs dans une démarche de court terme, sans vision pour l’avenir et sans le réel souci de sauver l’entreprise ».