La faillite d'Aigle Azur laisse quelque 9 000 slots sur le tarmac de l'aéroport d'Orly. Un trésor qui aiguise l'appétit de toutes les compagnies aériennes présentes à Paris.
Depuis que le tribunal de commerce d'Evry a prononcé la liquidation d'Aigle Azur le 27 septembre dernier, faute d'offres de reprise viables, une question agite les compagnies aériennes qui opèrent à Orly : qui va mettre la main sur les 9 150 slots d'Aigle Azur ? Ces créneaux horaires de décollage et d'atterrissage sont d'autant plus précieux que le nombre d'atterrissages et de décollages à Paris-Orly est limité à 250 000 par an depuis un arrêté pris en 1994 pour limiter les nuisances sonores de l'aéroport. Or la répartition des slots est bel et bien figée !
La disparition d'Aigle Azur constitue donc une opportunité de développement du trafic à ne pas manquer pour l'ensemble des compagnies aériennes puisque ces slots représentent environ 12 aller-retours quotidiens. Une opportunité rare puisque la dernière répartition massive de slots à Orly remonte à la faillite d'Air Lib en 2003. La demande avait alors été largement supérieure à l'offre. La Cohor, l'association pour la coordination des horaires, avait redistribué près de 45 000 créneaux, au profit notamment de la compagnie toulousaine aujourd'hui disparue Aeris, d'EasyJet, de Virgin Express et d'Air France. Pour l'anecdote, Aigle Azur avait reçu 2 920 slots…
La Cohor à la manoeuvre
Les quelque 9 000 slots d'Aigle Azur sont donc désormais entre les mains de la Cohor et les compagnies ont été appelées à faire acte de candidature en soumettant leurs horaires. Air France-KLM, sa filiale low-cost Transavia, ASL Airlines, Vueling et Air Algérie se sont d'ores et déjà positionnées. L'État aura aussi un rôle à jouer puisqu'il peut préempter jusqu'à 20% des slots d'Aigle Azur pour les dédier à des liaisons régionales. En 2003, cette prérogative avait été mobilisée en allouant près de 9 000 slots aux compagnies assurant des liaisons à destination de la Corse et des DOM. Compte tenu du caractère stratégique des slots, l'État devrait certainement intervenir de nouveau et mettre la main sur près de 1 800 slots, soit 2,5 allers-retours par jour.
Le partage devra aussi prendre en compte les règles européennes qui préviennent toute position dominante. En pratique, si l'État préempte ses 20%, la Cohor devra partager les 7 300 slots restants en deux pools égaux : un lot pour les compagnies qui opèrent déjà à Orly, dont le groupe Air France-KLM, le groupe Dubreuil (Air Caraïbes et Frenchbee), Corsair, Vueling et Air Algérie et un lot pour de nouvelles compagnies qui s'installeront Orly. Ce second lot intéresse notamment ASL Airlines qui ne propose pour l'heure que des départs depuis Roissy. Une subtilité supplémentaire : l'attribution de la Cohor favorisera les liaisons encore non desservies depuis Orly.
L'association rendra sa copie à la mi-novembre. Lorsque les slots auront été attribués, tout ira ensuite très vite. L'association précise en effet que les compagnies aériennes pourront être autorisées à débuter leurs nouvelles rotations annuelles de façon anticipée dès l'annonce de l'attribution. "Toutefois, en aucun cas il sera possible de débuter les nouveaux vols avant le 2 décembre en raison des travaux sur les pistes d'Orly", ajoute la Cohor.