
En attendant un retour à la normale du trafic aérien, la IATA demande aux passagers d'accepter les avoirs plutôt que de demander un remboursement pour les vols annulés.
La reprise est encore timide. Interrogé jeudi matin par BFM Business, Alexandre de Juniac, directeur général de l'Association internationale du transport aérien (IATA), a indiqué que le trafic aérien était la semaine dernière de 36% de ce qu'il était habituellement, malgré un « redémarrage qui est assez net ».
De quoi continuer à inquiéter les compagnies aériennes quant à leur avenir. Et de les pousser à demander, « à genoux », l'aide des passagers en acceptant des avoirs plutôt que solliciter des remboursements pour les vols annulés pendant la crise sanitaire, selon le directeur général de la IATA. « Nous demandons l'aide des passagers (...), c'est vrai, et nous la demandons à genoux », a-t-il affirmé sur BFM Business.
Des compagnies aériennes, soutenues par la France et plusieurs autres Etats européens, remboursent les billets des vols annulés seulement « sous forme d'avoirs » tout en promettant un remboursement en numéraire, si les consommateurs le réclament, mais avec au moins neuf mois de décalage afin de préserver leurs finances mises à mal par la crise. Les règles européennes donnent pourtant aux passagers le droit à un remboursement sous deux semaines.
Des pertes colossales
Cette position des entreprises du secteur a été attaquée par des associations de défense des consommateurs. Et Bruxelles a lancé début juillet une procédure d'infraction à l'encontre de dix pays de l'Union européenne, dont la France, pour défendre le droit des voyageurs à se faire rembourser en cas d'annulation de leurs séjours en raison du coronavirus.
« Nous essayons d'obtenir encore de la Commission européenne le pouvoir de présenter des avoirs pour (...) différer le remboursement », a ainsi indiqué mercredi Alexandre de Juniac, reconnaissant que c'était une position « difficile » et « pas appréciée par tout le monde ». « Pourquoi on a demandé ça ? Pas par plaisir. Notre activité c'est plutôt de chouchouter les passagers et pas de leur poser des difficultés et problèmes, notamment des problèmes financiers. Mais (...) la trésorerie des compagnies est dans un état absolument apocalyptique », a-t-il expliqué.
Toujours selon la IATA, les compagnies européennes devraient en effet enregistrer au moins 23,1 milliards de dollars de pertes en 2020.