Déjà affaiblie financièrement par la grève de 2019, la SNCF doit désormais faire face à la crise inédite liée au Covid-19. Report de chantiers, plan de relance… Le transporteur ferroviaire n’écarte aucune piste pour tenter de préparer l’après-confinement.
« Nos recettes sont quasi nulles et les taux de réservation très faibles. » Mais une bonne partie des coûts fixes, elle, demeure, et les TGV sanitaires qui transportent les malades du Covid-19 ne sont pas facturés. La SNCF se trouve face à une situation financière compliquée en raison de la crise sanitaire engendrée par le Covid-19.
Mise à mal financièrement par la grève de 2019 qui lui a déjà coûté près d’un milliard d’euros, la compagnie ferroviaire se prépare à de « lourdes pertes » liées au Covid-19. Son nouveau PDG, Jean-Pierre Farandou, comptait sur 2020 pour faire des économies, reporter quelques projets et relancer la fréquentation des TGV… C’est donc raté.
La SNCF assure actuellement un service minimum en raison du confinement : 6 à 7% de TGV et d’Intercités, 15% de TER et 25% de Transilien, en région parisienne. Avec de faibles taux de remplissage puisque seulement 1% de la clientèle TGV est au rendez-vous, 2,5% de celle des TER et 3,5% de celle des Transilien.
Jean-Pierre Farandou prépare donc déjà ses salariés à d'autres mois difficiles, évoquant « une réalité économique dégradée » tant pour les Français que pour les régions, pourvoyeuses de subventions, et des difficultés pour les entreprises clientes du fret ferroviaire. « Nous allons subir de lourdes pertes », a-t-il prévenu le 15 avril au Sénat. « Elles seront lourdes, elles seront considérables ! » Avant d’ajouter immédiatement : « La SNCF tiendra, je rassure tout le monde. Nous paierons nos salaires, nous paierons nos fournisseurs. »
Reprise progressive du trafic voyageurs, plan Marshall pour le fret
Car le patron du groupe ferroviaire tricolore pense déjà à l’après-11 mai et aux mesures pour redresser la situation économique de l’entreprise. « Les travaux de remontée du plan de transport ont (…) déjà commencé » pour « être au rendez-vous de la demande des Français le 11 mai », date du début du déconfinement. La reprise sera très progressive et tributaire des mesures prises dans le cadre de la levée du confinement. La SNCF envisage donc pour l’heure une remise en service par étapes, établie conjointement avec les régions à partir du 11 mai. L’objectif est de remettre en circulation un train sur deux (avec priorité donnée aux transports du quotidien) et de reprendre une activité normale durant l’été.
Jean-Pierre Farandou a également réclamé l’obligation du port du masque dans les transports ferroviaires et promis un respect des gestes barrières et un nettoyage accru du matériel. Les sénateurs souhaitent aussi que les passagers aient accès à des gels hydroalcooliques dans les transports et dans les gares.
Enfin, le calendrier des grands projets de travaux et de développement sera revu. « Il va y avoir des retards à l’évidence et il peut y avoir des problèmes d’argent », a reconnu Jean-Pierre Faradou devant les sénateurs. Mais « si on a un plan de relance fort sur les infrastructures, ça aidera ».
Le patron de la SNCF demande ainsi « un plan Marshall pour le fret ». Le transport de marchandises est à date maintenu à hauteur de 60% du plan de transport pour garantir l’approvisionnement du pays. Le sénateur de la Vendée Didier Mandelli a d’ailleurs rappelé que « le fret ferroviaire est un mode de transport écologiquement vertueux et indispensable à la continuité de la vie du pays. Le plan de relance devra faire de son développement une priorité ».
En revanche, pas de changement sur le calendrier de l’ouverture progressive à la concurrence du transport national de voyageurs via les rails. La SNCF doit donc continuer à s'y préparer, même plongée en plein scénario noir.