A la veille du mouvement social organisé par les cheminots de la SNCF, Thello a fait une grande opération séduction à la Gare de Lyon. Un moyen d'affirmer ses ambitions sur le marché français.
Le rendez-vous était donné à Paris Gare de Lyon, d’où part chaque soir le Paris-Venise de la compagnie française (mais détenue à 100% par Trenitalia) Thello. Son PDG Roberto Rinaudo et son directeur commercial et marketing Fabrice Toledano (un ancien de la SNCF) présentaient hier soir les nouveautés de la — seule — concurrente de la SNCF.
2018 marque un tournant pour l’opérateur ferroviaire. 8 millions d’euros ont été investis l’an dernier pour la rénovation des trains de nuit (45 wagons) et l’introduction d’une nouvelle classe, la Premium, qui met à la disposition des clients une douche privative dans leur cabine. Un premier partenariat a aussi été conclu avec la SNCF et la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur : "La SNCF commercialise un abonnement qui combine à la fois le TER et Thello pour permettre aux habitants de la région, mais aussi aux Italiens venant travailler en France, de bénéficier de davantage de trains", détaille Roberto Rinaudo.
Pas de bilan à l’heure actuelle, cet abonnement ayant été lancé en janvier. "Les premiers chiffres en termes de fréquentation seront connus en avril ou en mai", précise le directeur commercial Fabrice Toledano. Enfin, la boutique Thello est désormais quasiment située en bout de quai M, dans le hall 1, d’où partent les trains de nuit.
Se positionner comme concurrent n°1 de la SNCF
Si la compagnie déploie autant d’efforts sur ses liaisons françaises, c’est qu’elle ambitionne, dès l’ouverture à la concurrence sur le rail en France, d'ouvrir certaines lignes à grande vitesse, frontalement contre la SNCF. "En France, nous espérons pouvoir ouvrir de nouvelles lignes avec notre flotte renouvelée d’ici à 2020", assure le PDG Roberto Rinaudo. Autant dire que les négociations pour l’obtention des créneaux de passage sur les rails français sont déjà en cours avec SNCF Réseau.
Le Paris-Bruxelles, déjà évoqué depuis plusieurs mois, pourrait revenir sur la table, en concurrence frontale avec Thalys (dont la SNCF est actionnaire). Le Paris-Milan pourrait aussi passer en grande vitesse. "Nous allons suivre de près les conditions de l’ouverture de la concurrence du rail en France pour nous positionner. L’une de nos revendications est sur le prix des péages, qui varie de 1 à 4 entre l’Italie et la France", souligne le PDG de Thello.
Il envisage de faire baisser les prix de 25 % environ, comme cela a été le cas avec l'arrivée de la concurrence dans la grande vitesse en Italie, en 2012.
En 2017, Thello a transporté plus d’un million de passagers, les 3/4 sur ses lignes du sud de la France et le quart restant sur sa ligne franco-italienne reliant Paris et Venise. Déficitaire depuis son lancement en 2010, la direction assure que "la compagnie sera rentable en 2019".