Cesser de voyager pour des raisons environnementales et économiques, ou développer les opportunités et les liens sociaux grâce aux business travels ?
L’édito de laurent la Rocca président de the Treep
La crise sanitaire que nous avons traversée semble loin, mais avec du recul elle nous a permis de vivre collectivement une expérience sociale inédite à grande échelle : travailler en abandonnant totalement les rencontres physiques liées aux voyages pendant un temps considérable.
Ne plus voyager, réduire les dépenses liées à la mobilité, préserver l’environnement par la même occasion, tout en continuant leur activité économique, les entreprises pensaient avoir trouvé la formule magique. Tout le monde en télétravail, six visioconférences par jour et le tour est joué ! C'était sans compter les conséquences négatives de ce “new normal”.
Est-il raisonnable de substituer par des visioconférences toutes ces rencontres cruciales avec des clients, ces déplacements pour gérer des crises et ces team-building sans perdre en impact ? En effet, selon Albert Mehrabian, 93% de la communication lors de ces rencontres serait non verbale. C'est pourquoi nous ne créons pas les mêmes liens sociaux, et ne faisons pas vivre la même culture d'entreprise derrière un écran qu'autour d'un café. C'est là que se situe le dilemme : cesser de voyager pour des raisons environnementales et économiques, ou développer les opportunités et les liens sociaux grâce aux business travels?
Cet arbitrage est complexe car il passe par une analyse coût-bénéfice (économique, mais aussi environnementale et sociale) du déplacement, et une réflexion sur le poids que l'on accorde aux critères people, planet et profit.
Voyager, oui, mais à condition d'avoir jugé que ce voyage est indispensable et que les modes de transport et d'hébergement les plus sobres sont choisis. Impossible de prendre le train? Peut-être qu'un changement de lieu de rendez-vous est envisageable pour permettre à tous de venir en train. L'avion est-il l'unique option ? Alors il faut privilégier les vols directs en classe éco. Une fois sur place, il s'agit aussi d'organiser son séjour pour amortir son impact négatif, en multipliant les rendez-vous, en combinant les tâches et en évitant les déplacements courts.
Finalement, le business travel est une ressource dont il faut optimiser l'usage. Comme le décrit Kate Raworth dans sa Doughnut economics : « l'idée est de ne pas dépasser les limites planétaires, tout en assurant un niveau de service suffisant pour satisfaire aux besoins. »
Tous les voyages ne sont pas essentiels mais il est essentiel de se rencontrer. Moins mais mieux. C'est certainement une définition valable du voyage professionnel responsable.