Mauvais karma pour la SNCF. La société ferroviaire accumule en effet les ennuis : incidents à répétition sur le réseau, rapport assassin de la Cour des comptes au printemps, politique tarifaire contestée par les associations de consommateurs, un mouvement d’humeur dont s’est saisi un député de la majorité afin d’y voir un peu plus clair… C’est maintenant au tour d’Air France de semer la pagaille en annonçant la création d’une société de trains à grande vitesse en partenariat avec le groupe Veolia. Et pas pour alimenter son hub de Roissy comme certains ont pu le penser. Mais bien pour concurrencer la SNCF sur ses lignes les plus rentables d’où Air France a été délogée à coups de TGV. La compagnie et son nouveau partenaire profiteraient, selon Le Figaro, de l’ouverture à la concurrence du transport international en 2010 pour mettre sur pied une liaison entre Bruxelles et Vintimille, histoire de venir chasser sur les terres de la SNCF entre Paris et Marseille, juteux tronçon s’il en est. La bataille du rail est cette fois bien lancée. Et il y a peu de chances qu’Air France s’arrête en si bon chemin. À condition en effet que ses trains partent d’une gare étrangère (avant la libéralisation totale du transport ferroviaire), la compagnie aérienne va pouvoir venir titiller la SNCF où elle le souhaite. Une belle revanche pour Air France qui a perdu des centaines de milliers de passagers sur ses liaisons transversales à cause du TGV. Une aubaine pour les voyageurs qui devraient profiter de meilleurs tarifs sur les futures lignes concurrentielles. Mais pas forcément une bonne nouvelle pour les agents de voyages : la SNCF pourrait profiter de ce coup de griffe pour revoir leur rémunération à la baisse.