Vous avez remarqué ? C’est le nouveau tic de langage des décideurs de tous poils. En économie, en politique et dans bien d’autres domaines, quand on cherche à en savoir un peu plus sur les intentions des uns ou des autres, on vous répond maintenant systématiquement : « je ne m’interdis rien ». Avant, comme disait Coluche, « on s’autorisait à penser dans les milieux autorisés ». Aujourd’hui, les mêmes « ne s’interdisent rien ». C’est ce qu’on appelle un euphémisme, c’est-à-dire une figure de style qui consiste à atténuer ou adoucir une idée déplaisante. Dans notre secteur, les idées déplaisantes ne manquent pas : la baisse des commissions, la vente directe, les ventes d’entreprises… Et comme les frictions se multiplient entre producteurs et distributeurs, de plus en plus on ne s’interdit rien. Dans nos colonnes, Mireille Faugère, directrice générale déléguée à la SNCF, ne s’interdisait rien quant à une baisse éventuelle des commissions ferroviaires. Un peu plus tard, c’est Pascal Boyer, le nouveau directeur commercial de TUI, qui ne s’interdisait rien à propos de l’accélération des ventes directes. Et puis, tiens, je suis sûr que si vous posez la question à Denis Wathier, le patron de Thomas Cook, de savoir s’il va racheter Fram après avoir mis la main sur Jet tours, il vous répondra ça à peu de chose près. Vous avez tout compris ? Bon, on fait un exercice pour mettre en pratique. Posez-moi la question : « est-ce que Tour hebdo va racheter l’Écho Touristique ou Le Quotidien du Tourisme ? » À votre avis, je réponds quoi ? Et là, je fais d’une pierre deux coups : non seulement je m’exerce au politiquement correct et en plus je lance une rumeur qui va faire le tour de Top Resa. C’est pas beau ça ?