Au début, ce fut la stupeur. La défaillance de Voyages Wasteels, incapable d’honorer les 3 millions d’euros du BSP d’octobre, a surpris tout le monde (lire page 10). Mais l’étonnement a vite fait place à la colère. Car il serait trop facile de faire du réseau de 65 agences une victime collatérale de la crise financière. D’abord parce que les difficultés de Wasteels ne datent pas d’hier. Un coup d’œil sur les résultats du dernier exercice (merci Internet) clos en septembre 2007 suffit pour constater que les comptes étaient déjà dans le rouge. Ensuite, parce que la banque du réseau (HSBC en l’occurrence) était prête à accorder une ligne de crédit à condition que Laurent Wasteels, le propriétaire, remette au pot 1,5 million d’euros selon notre confrère Les Echos. Or, le Pdg de la société éponyme, par ailleurs consul honoraire de Belgique à Monaco, a refusé. Certes, un million et demi deuros n’est pas une petite somme. Mais n’est-ce pas la responsabilité du dirigeant d’entreprise d’assumer cet engagement s’il est en mesure, bien sûr, de le faire ? Denis Wathier, patron de Thomas Cook et partenaire commercial de Voyages Wasteels, ne dit pas autre chose quand il déclare de façon sibylline : « je fais confiance à Laurent Wasteels pour faire face à ses responsabilités de chef d’entreprise ». Au moment où j’écrivais ces lignes, celui-ci avait clairement choisi de les fuir. De la pire des façons. Il donne cette funeste impression de laisser tomber son entreprise comme on se débarrasse d’un petit problème. Son absence totale de communication à l’égard des agences et des 280 salariés du réseau, prévenus seulement vendredi dernier des difficultés financières de la société par un e-mail laconique, est totalement irresponsable. Sans consigne aucune, ils sont livrés à eux-mêmes et à leurs clients sans doute furieux. C’est à eux et à leur famille qu’on pense aujourd’hui, ballottés sur un navire en perdition que leur capitaine a « courageusement » quitté. Le monde des affaires ne peut s’encombrer de ces dirigeants, sans doute plus à l’aise dans les ronds de jambes et la diplomatie d’opérette sous les ors de la principauté, que dans la gestion des entreprises.