« Souvent femme varie, bien fol est qui s’y fie » : non, morte couille, il ne s’agit pas d’une réplique des Visiteurs mais d’une citation attribuée à François Ier qui pourrait tout autant s’appliquer à notre sous-ministre au Tourisme, Hervé Novelli. La semaine dernière, dans un entretien à notre confrère du Quotidien du Tourisme, il déclarait que « les difficultés du tourisme ne sont rien en comparaison de celles du secteur de l’automobile » . Et de finir sa phrase par un « croyez-moi » dans lequel on devine la légère condescendance de celui qui sait, du mandarin qui détient des informations en primeur. Mardi dernier, volte-face : lors d’un rendez-vous avec Georges Colson, le président du Snav, venu plaider la cause des professionnels en cette période de crise inédite, Hervé Novelli a convenu que la profession « avait besoin d’un geste car elle le mérite » . Mérité ou non, le geste sera nécessaire, mais restera sans doute insuffisant. Ne nous voilons pas la face, une crise de cette ampleur, si elle devait durer plusieurs mois, fera des victimes. Elle nous rappelle combien le modèle économique des agences de voyages, basé sur les acomptes clients, est fragile. Les plus exposées au risque sont nombreuses : celles qui ont grandi trop vite, celles qui ont fait des opérations de croissance externe coûteuses et aléatoires, celles qui ne sont pas assez rigoureuses sur la prise des frais de dossier ou encore celles qui font un peu de tout et qui ne sont fortes sur rien. Toutes celles-ci auront des difficultés à passer le cap, c’est certain. Comme souvent dans ces crises, les autres en sortiront renforcées. Des regroupements, des fusions ou des rachats sont à prévoir. Car avec un tel modèle économique, seul l’effet de taille permet une assise financière suffisante pour traverser des tempêtes comme on en connaît aujourd’hui. En coulisses, on s’agite déjà. Un patron de réseau m’avouait qu’il n’avait jamais eu autant de dossiers de reprise d’agences sur son bureau.