Officiellement, rarement rumeur n’aura autant fait sourire. « Ânerie », « stupidité » : Jean-Pierre Mas, le président d’Afat Voyages, a balayé en ces termes les « soupçons » d’alliance avec Selectour. Un démenti qui se veut sans appel, pour dénoncer la mise en œuvre d’un rapprochement, pourtant évoqué par les intéressés depuis plus de deux ans. Un serpent de mer (un vermisseau en fait, 24 mois, ce n’est pas si long) depuis que Martine Granier avait appelé cette union de ses vœux en petit comité. Car il faut rendre à Cléopâtre ce qui appartient à Cléopâtre : c’est bien elle, alors directrice générale de Selectour, qui avait lâché le morceau. Pourquoi l’affaire ressort-elle aujourd’hui ? À qui profite le crime ? L’alliance tellement rêvée sur le papier, mais si compliquée à concrétiser, impliquerait de torpiller les alliances déjà existantes de part et d’autre avec les réseaux intégrés : Selectour et l’Alliance.T d’un côté (Carlson Wagonlit Travel), Afat et le G4 de l’autre (Thomas Cook, American Express, Manor). Mais aussi de remettre en cause les partenariats technologiques : Orchestra pour l’hippocampe, TravelTainment pour le réseau toulousain. Sans oublier les doublons que constituent les différents systèmes de gestion, le maillage des points des ventes, les équipes des deux sièges… Bref, de quoi mettre tout le monde d’accord sur le peu de crédibilité de l’affaire et faire dire aux observateurs concernés (fournisseurs et concurrents) : « même pas peur ! ». Désinvolture feinte ou bien réelle ? Quoiqu’il en soit, les arguments favorables ne manquent pas. À commencer par la constitution d’un fameux troisième pôle doté de quelque 1 200 agences, à l’heure où les deux géants Thomas Cook et NF-TUI poussent leurs pions en France. Mais le chemin semble encore long…