Un mois. Sauf si les boîtes noires du vol AF 447 ont été découvertes par miracle depuis notre bouclage mercredi, il reste un petit mois pour retrouver les précieux mouchards. Trente jours, c’est le temps que dure l'émission de ces rectangles métalliques orange (les boîtes noires ne sont pas noires). Trente jours, c’est aussi le temps durant lequel ils peuvent résister à la pression par 6 000 mètres de fond. Autant retrouver une aiguille dans une botte de foin, disent les experts. Et pourtant, sans ces fameux enregistreurs de vol, la reconstitution des événements sera plus compliquée. Après avoir un peu rapidement incriminé les conditions météo exécrables, la compagnie et les autorités reconnaissent n'écarter aucune hypothèse. Le risque : laisser le champ libre à tous les fantasmes. Le drame comporte malheureusement les éléments d’un film catastrophe à sensation, doublé d’un mauvais thriller ésotérique, le happy end en moins. Un avion pénètre dans le pot au noir (l'un des pires couloirs météorologiques de la planète), à la lisière d'une zone blanche (une sorte d'angle mort pour les radars)… et disparaît. Tant que les profondeurs n'auront pas rendu leur verdict, les questions se télescoperont inlassablement. La foudre ? Des cumulonimbus hors normes ? Une erreur humaine ? Une bombe ? Ou tout à la fois… Rarement catastrophe aérienne n'aura semblé si mystérieuse. L'incertitude renvoie chaque voyageur à ses angoisses. Il vaudrait mieux pour tout le monde, à commencer par les familles des victimes, que les abysses livrent leur secret… Pour démystifier d'urgence le silence du vol 447. Et rappeler que l'avion est le moyen de transport le plus sûr.