Pourquoi faire rejaillir ce serpent de mer qu’est le fonds de garantie aérien aujourd’hui ? Tout simplement parce que la nécessité d’une protection contre la défaillance des compagnies aériennes n’a jamais semblé aussi impérieuse. L’industrie aérienne avoue une vulnérabilité sans précédent. Iata ne manque pas une occasion d’attirer l’attention sur l’ampleur inédite des pertes des compagnies aériennes. À court de superlatifs, l’association a dégainé il y a quelques jours la comparaison suprême : « la crise a un impact plus fort que le 11 septembre », a déclaré son directeur général. Et d’évoquer un déficit prévisionnel abyssal de 11 milliards d’euros pour l’année en cours, contre 9 milliards annoncés en juin. Ce qui nous mène à 28 milliards d’euros de pertes sur 2008 et 2009 ! Évidemment, quand le BSP prétend durcir les conditions imposées aux agences au motif qu’elles sont fragilisées par la conjoncture, ça fait désordre. Selon la FUAAV, qui fédère à l’international les associations de voyagistes, le manque à gagner pour le BSP dû aux défaillances d’agences au niveau mondial serait de… 0,03 % à 0,04 % de son chiffre d’affaires (lire notre article p. 8 et 9). Même en prenant la fourchette haute, en matière de capacité de nuisance pour les compagnies aériennes, les agents de voyages, c’est quand même des nains ! Alors, comme toujours sur les questions transfrontalières, on se tourne vers Bruxelles pour entrevoir une solution. La défense du consommateur ne devrait-elle pas constituer une brèche de taille ? Bizarrement, alors que le sens de l’histoire plaide pour la protection du client, il semble urgent de ne pas décider… En finance, on appelle ça « mutualisation des pertes » et « privatisation des bénéfices ». On a vu le résultat.