Fallait-il être inconscient, doux-dingue, ou franchement givré pour se lancer dans l’aventure de la vente « physique » de voyages l’an dernier ? Les nouveaux patrons d’agences interrogés cette semaine nous prouvent le contraire. S’ils ont la tête dans les étoiles (le tourisme reste un métier de passion que l’on pratique rarement pour s’enrichir), ils n’en gardent pas moins les pieds sur terre, et se lancent dans le secteur pour faire des profits, pas de la figuration.
Bien sûr, tout n’est pas rose, et ceux qui affichent des performances satisfaisantes ont souvent repris une affaire existante et son fichier clients dans une zone de chalandise privilégiée. Ce qui ne dispense pas de l’expertise en matière de gestion, de techniques de vente et bien sûr de produits. La conjoncture est là pour nous rappeler ces évidences qui ne souffrent plus aucun droit à l’erreur. C’est déjà un petit miracle que l’APS ne déplore « que » 49 défaillances en 2009 (11 de plus que l’an dernier quand même, c’est toujours trop), pour un montant garanti – pas encore révélé – qui devrait s’avérer bien inférieur à celui de 2008. Cette année-là, la profession avait connu quelques sinistres retentissants, à commencer par Wasteels. À moins de vivre sous bulle, les nouveaux entrepreneurs du tourisme ont donc débarqué en toute connaissance de cause. Et contre toutes attentes, leurs premiers résultats semblent leur donner raison.
Une fois n’est pas coutume, on troque l’ironie pour un peu du lyrisme de René Char : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s’habitueront ». Après 2009, année pathétique, on a le droit d’y croire…