Si Bernard Kouchner voulait décourager les Français de sortir des frontières, il ne s’y prendrait pas autrement. À entendre le ministre des Affaires étrangères, la Thaïlande, c’est simple comme un sarong, une poignée de tiger prawns surgelées, et une séance d’UV chez Point Soleil. C’est vrai, pourquoi subir 10 heures d’avion pour s’imprégner de l’ambiance du Wat Po quand on peut se contenter d’un plateau télé ? Sous prétexte d’éviter à l’État de régler l’addition en cas de rapatriement de ressortissants français, l’ex-French doctor se propose de responsabiliser son monde : le client qui voyage par ses propres moyens, et les pros, des fois que ces derniers puissent l’être encore plus. Et si c’était finalement l’occasion de récupérer, pour TO et agences, des voyageurs habitués à l’autonomie mais peu disposés à financer leur sauvetage ? Car on voit mal nos compatriotes se contenter de l’Hexagone, aussi superbe soit-il. Le problème avec les touristes, c’est qu’ils osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît : ils ont le chic pour s’agglutiner dans des aéroports pris d’assaut ; aiment faire les marioles en voilier au large des côtes somaliennes ; veulent photographier les coraux des îles malaisiennes pile à côté de Jolo… On est tenté de répondre trois choses : 1) en général, les manifestants sont plutôt du genre pacifique, sauf peut-être quand on leur tire dessus à balles réelles ; 2) on n’a pas encore fait mieux que le canal de Suez pour relier la Méditerranée à l’océan Indien ; 3) les fonds marins de la mer de Sulu sont paraît-il très beaux. Conclusion, à part d’épuiser les stocks d’épingles du BHV pour identifier tous les points chauds de la mappemonde, on vous conseille plutôt les séances de bachotage des Incollables du Quai d’Orsay, en attendant les fiches du Ceto (lire p. 8 et 9). Et nos crevettes, on ira les manger à Phuket…