On a d’abord cru à une ruse de l’administrateur judiciaire de Marsans pour faire diversion. Puis on a pensé à un complot de Jean-Louis Borloo, le ministre de l’Environnement, pour compenser le retoquage de la taxe carbone. Mais autant se rendre à l’évidence : c’est juste Dame Nature qui fait des siennes en nous livrant à la merci d’Eyjafjallajökull. Etre affublé d’un nom pareil justifie sans doute d’enquiquiner un hémisphère tout entier. Dans la langue de Björk, ça veut dire « poussières du matin, chagrin » ou « fumerolles de pétole, vraie vérole », on ne sait plus… Pourtant, dès le premier jour du chaos, on a promis la lune au volcan islandais pour qu’il arrête ses frasques : des trucs comme fleurir la tombe d’Haroun Tazieff aux équinoxes de printemps, se prosterner chaque matin en direction du Nord-Ouest, porter une bague en pierre de lave à tous les doigts, faire la danse du feu sur des braises chauffées à blanc… En vain. A mesure que le cratère souffle le chaud et le froid, les esprits s’enflamment. C’est Dominique Bussereau, le gracieux ministre des Transports, qui a mis le feu aux poudres en demandant au secteur de prendre ses responsabilités. Relayé par les associations de consommateurs qui exigent une tournée de remboursement générale. Sans réaliser qu’au passage, ils s’offriraient peut-être le scalp des entreprises encore debout. Mais qu’est-ce qu’ils attendent, chez Rolls Royce, pour nous fabriquer des réacteurs à l’épreuve des particules volcaniques ? Au prix de l’immobilisation d’un appareil, ça ne serait pas du luxe de tester les pales en diamant anti-abrasion. Car malheureusement, il n’est pas donné à tout le monde de faire planer un 747. Demandez donc au virtuose qui, un beau jour de 1982, a posé son Boeing, tous moteurs éteints et le pare-brise opaque comme vase en verre dépoli…? Histoire de couper la chique à Eyjafjallajökull.