Mieux vaut faire envie que pitié. C’est du moins ce que prône l’adage populaire, qui trouverait son origine dans les textes d’un poète grec, né plus de cinq siècles avant notre ère. Autant dire que le principe selon lequel la « win » serait plus hype que la « lose » ne date pas d’hier. Déjà, dans l’Antique Athènes, il était préférable de déambuler en toge de soie sauvage et spartiates en cuir d’autruche, que de se trimbaler attifé de toile de jute et de tongs en papier mâché. En revanche, à l’heure de susciter la compassion et d’aller taper quelques drachmes à son prochain, arborer un look de roi de la gagne, ça se discute. Une occasion supplémentaire pour nos institutions préférées, le Snav, le Ceto et l’Udiv, de s’offrir un nouveau débat. Pas une vraie polémique fashion sur le retour du blazer à six boutons et des mocassins à pompons. Trop pointu. Mais une petite divergence de vue, semble-t-il, sur la méthode à adopter pour s’offrir les grâces des pouvoirs publics. Il n’est pas question ici de forme (on doute que Georges Colson se soit taillé un uniforme d’immigré roumain pour s’attirer les faveurs de Frédéric Lefebvre) mais de fond (lire notre entretien p.13). Faut-il plaider les difficultés du secteur au risque d’attirer l’attention du grand public sur la fragilité potentielle des entreprises touristiques ? Ou au contraire jouer l’air du « tout va bien madame la Marquise » au risque de ne pas obtenir de mesure d’urgence au ministère ? En même temps, on ne prête qu’aux riches. Et le Snav ne se fait pas d’illusion : seuls les patrons en difficulté PASSAGERE obtiendront gain de cause auprès des autorités. C’est déjà ça. Quant aux autres, on leur souhaite bien du courage. Et on leur conseille d’investir leurs derniers euros dans de la soie sauvage…