Tout allait bien. On avait dansé au rythme de l’acid house tout l’été, soigné son hâle dans les îles grecques, réussi à éteindre le smartphone plus de 2 heures d’affilée. On était détendu, reposé, serein… Prêt pour une rentrée zen. Et là, alors qu’on s’apprêtait à jauger le projet de fusion de TUI Travel en France… Paf ! Thomas Cook a remis ça. C’est bien simple, la grande nouvelle de l’été, ce n’est pas la perte du triple A par les États-Unis ni la débâcle interminable du clan Kadhafi. L’info de l’été, c’est l’apparition d’un néologisme que Le Robert et le Larousse s’arrachent déjà : « thomascookiser ». Le verbe se conjugue à tous les temps, généralement dans sa forme passive : en clair et en bon français, on parle de « se faire thomascookiser ». Le sujet qui subit une « thomascookisation » reste le plus souvent sans voix : on cherche encore dans l’économie légale un synonyme pour qualifier cette pratique a priori inédite dans le tour-operating français. Les observateurs qui tentent d’expliquer le phénomène y voient 1) une pulsion destructrice à l’encontre des tour-opérateurs indépendants de taille petite à moyenne ; 2) un sauve-qui-peut comptable pour ne pas entamer le flegme de la maison mère britannique ; 3) une philosophie néopunk n’envisageant pas d’avenir bilatéral entre fournisseurs et distributeurs ; 4) les trois. En attendant, la crotte est entrée dans le ventilateur, si vous me passez une expression sobrement traduite de l’anglais (« the shit hit the fan » pour les puristes), et n’a pas fini d’en faire « profiter » le ban et l’arrière-ban de la profession. À ce titre, le torpillage de la fédération du tourisme fait figure de « simple » dommage collatéral. Au final, impulsive ou machiavélique, la technique du clash imposée par Thomas Cook continue de faire bouger les lignes vers la consolidation du secteur. Comme si la fin justifiait les moyens…