Un drapeau russe flotte sur Châteaulin. Châteaulin ? Une bourgade du Finistère, où le groupe Salaün fait de la résistance (lire notre Décryptage p. 16 et 17). L’enfant du pays, dont les locaux sont installés entre la sous-préfecture bretonne et Pont-de-Buis, petite commune voisine de quelques kilomètres, ne succombe pas à la tentation de se rapprocher « des grands centres ». Le TO s’amuse à hisser les couleurs des pays qu’il programme (ce jour-là, Pouchkine Tours est à l’honneur) en alternance avec la bannière noire et blanche 100 % pur Breizh. Est-ce l’isolement aux frontières de l’Europe continentale qui confère à l’entreprise familiale son bon sens et sa prudence opportune ? Toujours est-il que le modèle bâti pas à pas depuis 80 ans fait toujours recette, en alliant tendances dernier cri et bons vieux basiques. Ici, on dispose d’un studio PAO intégré, on fait appel à un cabinet de graphisme pour la déco des autocars, on réfléchit au logiciel de réservation et au site web de demain… Tout en continuant à éditer des tonnes de brochures papier et à miser sur le circuit accompagné. Fort de ses performances, le Pdg a beau jeu d’expliquer qu’il n’est pas pressé de fusionner son entité historique, Salaün, avec National Tours racheté en 2006, et qu’il n’envisage pas de prendre plus de risques que ses quelques chambres allottées aux Baléares ! Quant aux consultants et leurs savants PowerPoints, ils n’ont pas droit de cité dans ses bureaux aux allures de plateaux télé. Des propos qui font écho aux déboires de TUI France, englué dans son héritage d’incurie et sans doute de malhonneté (lire p. 8 et 9). Visiblement, l’ancienne direction et les actionnaires de l’ex-Nouvelles Frontières n’ont jamais mis les pieds à Châteaulin…